21 comportements hors-du-commun chez les serpents

 

"Le commencement de toutes les sciences, c’est l’étonnement de ce que les choses sont ce qu’elles sont." Aristote.

 

Introduction :

 

Les serpents sont par nature des animaux hors-du-commun : ils avancent mais n’ont pas de pattes, sont diversifiés en tailles, en couleurs, en habitats comme presque aucun autre groupe d’animaux ne peut l’être, mais parmi eux, certains semblent vouloir nous émerveiller et nous étonner plus que d’ordinaire, par des comportements surprenants, uniques chez ces reptiles, que j’ai documentés, rassemblés et décrit au nombre de vingt-et-un.

 

Comme à chaque fois, nous nous devons d’avertir le lecteur ayant un cursus universitaire en zoologie, qu’en tant que non-scientifique, nous n’avons pas accès à l’immense majorité des publications professionnelles, dans lesquelles se trouvent les informations et découvertes les plus récentes. Pour rédiger cet article, nous avons puisé dans notre bibliothèque personnelle, que nous remplissons à longueur d’année des meilleurs livres d’herpétologie, dans leurs éditions les plus à jour. Mais certains de ces livres datant quelque peu, il est possible que certaines informations récentes viennent infirmer un ou plusieurs faits énoncés dans cet article. Nous nous en excusons de prime abord, et invitons le dit lecteur professionnel à nous corriger courtoisement en section commentaire s’il le souhaite. L’article sera modifié, et son correcteur cité comme il se doit.

 

N’oubliez pas de cliquer sur les photos correspondant aux paragraphes, elles comportent une description vous expliquant leur cohérence avec le texte.

 

Ceci étant dit, nous vous invitons, courageux lecteur, à ce voyage dans l’étonnant, le mystérieux, l’intriguant, l’émouvant tour du monde des comportements les plus fascinants dont savent faire preuve ces merveilleuses créatures.


1 - L’auto-frottement chez les Psammophiinés.

 

Les Psammophiinés sont une sous-famille de serpents opisthoglyphes (c’est-à-dire aux crochets à venin situés en retrait dans la mâchoire supérieure) vivant majoritairement en Afrique (dans les zones désertiques) et en Europe. Inoffensifs pour l’homme, ces grandes couleuvres diurnes sont des serpents très rapides chassant la plupart du temps des lézards et d’autres serpents. En France, par exemple, la célèbre couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) en est une représentante. Ces serpents font régulièrement preuve d’un comportement bien étrange : l’auto-frottement. Tout au long de la journée, la couleuvre va sembler se "renifler" les écailles une par une, et cela pendant quelques minutes. En réalité, elle sécrète un fluide par ses narines qu’elle applique sur ses flancs et ses écailles ventrales. Certains herpétologues suggèrent que cela pourrait servir au serpent à être plus glissant sur l’herbe et les pierres sur lesquelles il évolue pour chasser, comme l’herpétologue Harry W. Greene, qui par exemple, expliquait en 1997 que certains Psammophiinés utilisent le polissage pour oindre leur écaillure avec une sorte de fluide pour gagner en vitesse. Il explique que ce liquide est sécrété par deux glandes situées respectivement dans les deux narines. Greene poursuit sur la couleuvre de Montpellier en nous disant qu’elle applique ce fluide toutes les 90 secondes en lissant ses flancs, son ventre et le dessous de sa queue alors que d’autres, comme Psammophis sibilans, font des mouvements circulaires en alternant le lissage de chaque côté du corps. Il propose également l’hypothèse que ce fluide pourrait réduire la dessiccation, c’est-à-dire la perte en eau de ces serpents vivant en zones chaudes voire désertiques1. Tout juste dix ans après, l’herpétologue Chris Mattison nous expliquait sensiblement la même chose : le "lissage des écailles" a été observé chez les couleuvres de Montpellier ainsi que chez des espèces africaines du genre Psammophis dont le mouvement est quelque peu différent, et il pense lui aussi que ce lissage est probablement un moyen d’éviter la perte d’eau2. Mais il conclut le paragraphe avec une intéressante proposition : "Mais le polissage des écailles peut aussi être un moyen de communication chimique : les substances odorantes produites par les glandes nasales sont répandues sur tout le corps, de sorte que le serpent laisse sa marque en rampant au sol"3. Chris Mattison avait vu juste: des découvertes ont été faites et il semble que le mystère soit sur le point d’être résolu. Un papier sur le sujet rédigé par deux spécialistes des Psammophiinés vient nous éclairer : il semblerait que le comportement d’auto-frottement, ainsi qu’ils le nomme, servirait uniquement de marqueur chimique. En plus des glandes nasales, les Psammophis possèdent périodiquement des "orifices sécréteurs" sur les écailles infralabiales, près du menton, et certaines espèces en possèdent même sur les écailles pariétales, sur le dessus de la tête. Les deux auteurs expliquent qu’un mâle peut se servir de ce marquage chimique au sol pour établir une barrière chimique autour de la femelle avec laquelle il va s’accoupler, qu’une femelle peut marquer "son" mâle pour signifier aux autres femelles qu’il est occupé, ou encore qu’un serpent peut marquer le chemin vers ses abris préférés en cas de retraite immédiate. Ils expliquent même qu’un système de hiérarchie peut s’établir dans une population de Psammophiinés grâce à ces marquages4. Ces faits, trop méconnus et trop peu étudiés à l’heure actuelle, promettent des découvertes passionnantes sur les serpents. Je vous mets à droite un extrait vidéo du célèbre documentaire "Le roi de Provence" montrant ce comportement chez la Couleuvre de Montpellier.

Crédits photos :

Toutes ces photographies sont tirées de la publication : 

Cornélius De Haan, Michel Aymerich, Des comportements frotteur et marqueur, pour la chasse et la vie sociale, date inconnue.


Extrait vidéo (aller à 8:55min) :


2 – Des serpents capables de générer de la chaleur.

 

Que ce soit clair : les serpents sont des animaux ectothermes, et ne peuvent donc pas contrôler leur température corporelle, qui elle, est dépendante de la température ambiante. Mais… En 1832, monsieur Lamarre-Picquot, membre de l’académie des sciences, décrivit devant l’assemblée un python indien incubant ses œufs en produisant de la chaleur, qu’il aurait observé lors de voyages en Inde. André-Marie-Constance Duméril, maître incontesté de l’erpétologie (telle qu’on l’écrivait à l’époque) de ce temps, créa un comité pour enquêter sur l’affaire. Ce dernier fut catégorique : Lamarre-Picquot raconte n’importe quoi, car il croit également que les serpents peuvent téter le pis des vaches (nda : ce mythe est donc bien ancien…). Toute une machine se mit en branle pour trouver des pythons "molures" (indiens ou birmans) femelles gravides pour mesurer avec un thermomètre l’évolution de la chaleur dans leurs anneaux. Le comité eut des résultats concluants, il semblait bien que les femelles pythons généraient de la chaleur en contractant leurs muscles. Mais tout un tas de scientifiques dénonçaient des biais dans l’étude : un coup les pythons n’étaient pas assez près l’un de l’autre, un autre coup c’était l’eau de la gamelle qui générait de la chaleur… Bref, impossible de se mettre d’accord5. Il faudra attendre plus de 130 ans pour enfin résoudre le mystère. En 1973, Vinegar observera et consignera le développement de trois pontes de python molure : une maintenue à 23°C, une autre à 27,5°c et la dernière à 30,5°C. La première ponte ne donnera rien, la deuxième ne donnant rien non plus fut montée à 30,5°c elle aussi, et des deux pontes à cette température, seul un œuf donnera un petit, à la livrée malformée, présentant des problèmes moteurs et ne pouvant pas se nourrir. Il conclut que 30,5°c devait être le seuil minimum critique6. Enfin, en 1976, Van Mierop et Barnard relèveront avec une rigueur à toute épreuve la température du substrat et des anneaux d’une femelle python molure. Ils remarqueront que gravide, la femelle était à 3,1°c plus chaude que le substrat, alors qu’elle restait à 1,1°c plus chaude que ce dernier en temps normal. Ils établiront trois phases de production de chaleur par les femelles pythons : une avant la ponte, une autre pendant les 7 semaines (en moyenne) d’incubation, et une dernière pendant les 10 derniers jours où le corps se refroidit7. Lamarre-Picquot, moqué à son époque, avait donc bien raison : les pythons indiens, en faisant "frétiller" leurs muscles autour de leurs œufs, peuvent bel et bien produire de la chaleur. D’autres herpétologues, après ces découvertes, ont suggéré que d’autres pythons géants (améthystes, africains, réticulés…) pouvaient eux-aussi générer de la chaleur, mais nous ne nous étendrons pas sur ce sujet. En 2007, Chris Mattison vient confirmer en nous disant qu’en plus de la fonction de protection de la couvée, l’enroulement autour des œufs par les femelles Python molurus a pour but d’incuber les œufs par la production de chaleur. Il explique que les femelles pythons modifient la fréquence des battements de leur cœur pour aider le serpent à se réchauffer plus vite et retenir plus longtemps cette chaleur pour la transmettre aux œufs8, et que ceci aboutit au fait que les femelles pythons maintiennent leur couvée à une moyenne de 32 à 33°c, soit 7°c de plus que l’air ambiant9.

Crédit photo :

Inconnu sur le site du zoo de San Francisco.


3 – Le serpent planche.

 

Il semblerait qu’une curieuse couleuvre asiatique, le serpent à tentacules (Erpeton tentaculatum), dont nous avons déjà parlé dans notre article sur les serpents les plus étranges au monde, fasse preuve d’un comportement défensif tout à fait singulier : elle se raidirait comme une branche lorsqu’elle est attrapée, nous dit Yannick Vasse10.

Crédits photos :

1 - Nick Michalski sur Flickr.

2 - Anton Posch.


4 – Les photorécepteurs caudaux de certains serpents-marins.

 

Certains herpétologues ont fait des découvertes étonnantes : certains serpents-marins possèdent des photorécepteurs sur la queue. Les spécialistes des serpents-marins Kenneth Zimmerman et Harold Heatwole se rendirent compte que lors des plongées, les Aipysures lisses (Aipysurus laevis) étaient toujours cachés dans des anfractuosités le jour, mais systématiquement exposés la nuit. Ils ont alors remarqué que lorsqu’ils éclairaient la queue de ces serpents avec une lampe, ceux-ci la cachaient à l’abri du faisceau 78% du temps, alors qu’ils ne faisaient de même avec leur tête que 2 à 4% du temps. Ils ont alors approfondit le sujet après 350 essais concluants. Ils ont éclairé de petites zones très précises de la queue du serpent avec une lampe à fibre optique. Résultat, seul le bout de la queue était sensible à la lumière et provoquait un mouvement de rejet du serpent. Entourée de scotch noir, la queue ne répondait plus du tout. La conclusion est claire, les Aypisures, ou tout du moins cette espèce, possède des photorécepteurs sur la queue. Les deux chercheurs pensent que cela permet au serpent de savoir si son corps est entièrement caché à la vue des prédateurs, ou si le bout de sa queue dépasse encore de sa cachette11.

Crédits photos :

Andrew Green sur reeflifesurvey.com.


5 – Les serpents volants.

 

Je vous ai un peu menti. Les serpents dont je vais vous parler ne volent pas à proprement parler, dans la mesure où ils ne peuvent pas décoller du sol comme un oiseau ni prendre de l’altitude. Disons plutôt qu’ils planent sur de longues distances, ce qui est pour le moins plus qu’étonnant, caractéristique qui leur vaut leur nom anglophone de "flying snakes". Ces inoffensives couleuvres opisthoglyphes (à crochets à venins postérieurs donc) sont représentées par 5 espèces réparties entre l’Inde et l’Asie du sud-est. Pour échapper à un prédateur, ou à l’inverse atteindre une proie, ces serpents peuvent s’élancer du haut d’une branche pour planer sur une dizaine de mètres ou plus, en élargissant leurs côtes et en creusant la face ventrale pour augmenter la résistance de l’air12. D’autres serpents arboricoles sont parfois capables de se jeter du haut de leur perchoir (comme les Philothamnus africains, les serpents-perroquets du genre Leptophis en Amérique Centrale et Amérique du Sud), mais aucun n’a cette morphologie si parfaitement adaptée au vol des Chrysopelea13. Voici à droite un petit extrait montrant un spécimen sautant d’un arbre.

Crédits photos :

1 - inconnu sur bombasticborneo.com.

2 - World's Greatest Animals sur youtube.

3 - Frank Deschandol (site et galerie Flickr).


Extrait vidéo (aller à 2:11min) :


6 – Des serpents capables d’autotomie.

 

L’autotomie (ou autonomie caudale), est le fait, pour un être vivant doté d’une queue, de se séparer de celle-ci volontairement pour échapper à un prédateur. Ce dernier, voyant la queue détachée tressaillir au sol croira avoir attrapé sa proie alors que celle-ci est déjà loin. Cette capacité étonnante est bien connue concernant nos lézards. L’orvet fragile de nos campagnes, par exemple, porte ce nom en raison de cette adaptation. L’autotomie est déjà moins connue pour les mammifères, mais certains en sont capables comme notre adorable petit Lérot. Mais alors pour les serpents… Il est très courant de voir dans les livres grand-public que l’autotomie chez les reptiles n’est possible qu’aux lézards. Et pourtant, certains serpents en sont capables, la plupart du temps de manière très primitive. C’est le cas des Natriciteres africains et des Rhadinaea américains14. Le mécanisme n’est bien sûr pas aussi développé que chez les lézards : chez ces derniers, les dernières vertèbres reliées à la queue possèdent un "plan de casse". Il existe cependant deux couleuvres sud-américaines ayant un tel mécanisme, quasi identique à celui des lézards : Pliocercus elapoides et Scaphiodontophis venustissimus. Chez ces deux espèces, les dernières vertèbres avant la queue présentent un léger sillon et les serpents se serviraient de celui-ci pour se séparer de leur queue. Bien sûr, celle-ci ne repousse pas comme chez les lézards, qui peuvent se servir indéfiniment de cette technique. L’endroit de la blessure durcit alors en une écaille conique15. Il existe également des serpents possédant une queue anormalement longue : les Enulius et Enuliophis d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud possèdent une queue faisant 35% à 47% de la longueur totale du corps du serpent. Menacés, ils agitent leur queue de gauche à droite violemment jusqu’à la casser. Plus de la moitié des spécimens observés dans la nature ont la queue cassée. Celle-ci est tellement longue qu’ils peuvent se séparer de plusieurs tronçons au court de leur vie16. Enfin, la couleuvre émeraude (Gastropyxis smaragdina), d’Afrique, peut également casser sa queue si attrapée17.

Crédits photos :

1 - Laurent Chirio.

2 - Christoph Grünwald.

3 - Kevin Stohlgren.

4 - Josiah Townsend.

5 - Juan. C. Arredondo.

6 - James McCranie.

7 - inconnu sur anoleannals.org.

8 - inconnu sur allposters.com.


7 – Des serpents capables d’auto-hémorrhée.

 

L’auto-hémorrhée signifie le fait pour un être vivant d’être capable de secréter voire projeter du sang, par un orifice ou les pores de sa peau. S’il existe un genre de lézard bien connu capable de projeter du sang par les yeux, les Phrynosoma (plus précisément P. mcallii, P. modestum, et P. platyrhinos) pour faire fuir ses prédateurs, les serpents capables eux-aussi d’un tel prodige sont largement méconnus. Les Tropidophis, petits et mystérieux serpents appelés "boas des forêts" sont capables de projeter du sang de leurs yeux, leurs narines et leur cloaque18. "La raison et le mécanisme de ce comportement pour le moins curieux restent malheureusement inconnus à l’heure actuelle" nous dit Yannick Vasse19. Une vidéo montrant cet étonnant comportement est visible ici (je ne peux pas l'incruster dans l'article, le site d'origine n'étant pas supporté par mon hébergeur, mais un conseil, allez la voir, ça vaut le coup). Ces espèces, dont 6 vivent dans les Caraïbes et 2 sur le continent, peuvent aussi faire suinter le sang de leur bouche, comme la couleuvre d’eau américaine Nerodia erythrogaster20. Chez les Tropidophis, où le mécanisme est bien maîtrisé par l’animal, nous pouvons supposer que le sang a un goût ou une odeur désagréables pour ses prédateurs. En revanche, chez les autres espèces, qui accompagnent le saignement de mouvements très brusques, il est possible que l’auto-hémorrhée soit accidentelle21.

Crédits photos :

1 - National Geographic

2 - inconnu sur videoman.gr

3 - Alan Cressler sur Flickr


8 – Des serpents frugivores.

 

Tous les serpents du monde sont des prédateurs carnivores, c’est admis. Et même si pendant un temps, certains herpétologues ont cru que les appendices nasaux du serpent à tentacule précédemment cité lui servaient à arracher des algues pour les manger, aujourd’hui la question ne se pose plus. Pourtant, dans la bibliographie herpétologique, j’ai déniché une anecdote que je me dois de vous raconter. En 1946, Mookerjee rapporte le cas d’un python indien se nourrissant de mangues dans une exploitation fruitière en Inde. Juste avant la tombée de la nuit, des employés de l’exploitation le tuèrent. Lorsqu'ils disséquèrent le serpent, son œsophage contenait 4 mangues. Celles-ci présentaient les marques de dents du python, qui mesurait 3,96m. Après examination des mangues contenues dans le système digestif de l’animal ainsi que celles encore sur l’arbre, il apparut qu’elles étaient toutes infestées de larves, ceci pouvant peut-être expliquer le régime incongru de ce serpent22. Seize ans plus tard, Rose rapporte le cas d’un python africain (l’espèce n’est pas précisée) ayant un goût prononcé pour…  les tomates. Pour expliquer ce fait troublant, Rose cite les théories de l’herpétologue Charles Bogert qui explique qu’un fruit enduit de l’odeur d’un animal fera une proie potentielle pour un serpent, qui se base bien plus sur son sens de l’odorat avec son organe de Jacobson (organe synthétisant les cellules odorantes captées par la langue) que sur sa vue. Il mentionne également le biologiste allemand Baumann qui nous apprend qu’un serpent peut manger à peu près n’importe quoi, comme des cigares, si ceux-ci sont enduits de sécrétions de batraciens23.

Crédit photo :

Nitish Bambhaniya


9 – Des serpents migrateurs.

 

En Australie, vit un python aquatique (Liasis fuscus). La proie principale de ce pyton est le rat sombre (Rattus colletti), un micro-mammifère endémique d’Australie. En 1996, les chercheurs Madsen et Shine découvrent que lors de la saison sèche, les rats se terrent dans des crevasses et des trous et ne constituent plus une proie abondante pour les pythons aquatiques. De ce fait, les chercheurs ont remarqué que le ratio rats/pythons baissait drastiquement dans la zone étudiée. En revanche, lors de la saison des pluies, l’eau montante force les rats à regagner la surface, et se réfugier sur de petits bancs de sables non-loin des zones inondées. Ainsi, les pythons se déplacent de manière saisonnière à cet endroit pour continuer à manger des rats. Les chercheurs ont équipé 25 serpents de radio-émetteurs, et ont découvert que ces pythons parcouraient 12km de leur zone de saison sèche jusqu’au refuge des rats24. Trois ans auparavant, Whitaker, herpétologue de renom, constata que les pythons molures de la forêt de Parmodhan dans le district de Nadia en Inde, réalisaient une migration de 30km à un rythme saisonnier, de la forêt jusqu’à un village où ils pouvaient trouver des chiens, des poulets et des mangoustes. Whitaker n’a cependant pas trouvé d’explication à cette migration25.

Crédit photo :

Inconnu sur deserpientes.net


10 – Des serpents capables de stridulation.

 

Certains serpents sont capables de produire un bruit de stridulation proche de certains criquets, en frictionnant leurs écailles les unes contre les autres. Celles-ci sont carénées (c’est-à-dire avec un renflement ou épaississement longitudinal en leur centre) de manière oblique, et sont carénées en dent de scie, adaptation remarquable, pour produire précisément ce son26. En présence d’un prédateur, le serpent va se mettre dans une position de fer-à-cheval et faire se frotter ses écailles les unes contre les autres. Les serpents possédant ce mécanisme de défense sont les vipères à corne du genre Cerastes d’Afrique et du Moyen-Orient, et les échides, de petites vipères très dangereuses, au comportement très irascible vivant en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Il se pourrait que ces serpents aient développé ce comportement pour éviter la dessiccation (perte d’eau) en milieu désertique, car souffler pour avertir leurs prédateurs leur coûterait une évaporation d’eau via la gueule27. Les serpents mangeurs d’œufs du genre Dasypeltis, dont nous avions déjà parlé dans notre article sur les régimes alimentaires hors-du-commun chez les serpents, imitent ces vipères dans la façon de se lover en fer-à-cheval et possèdent la même adaptation au niveau des écailles des flancs28. En plus des photographies, vous trouverez à droite deux extraits vidéo de ces comportements.

Crédits photos :

1 - Sushil Chikane sur Flickr

2 - Shantanu Kuveskar

3 - Tyrone Ping sur tyroneping.co.za


Extraits vidéo : en premier, la vipère (aller à 27 secondes), en deuxième, son imitateur.


11 – Des serpents rivalisant d’ingéniosité pour pérenniser leurs gênes.

 

Dans notre dernier article sur les records chez les serpents, nous avions déjà parlé des serpents-jarretière (Thamnophis sirtalis) qui sortent en une marée de serpents lors de la fin de l’hibernation au nord des États-Unis et au Canada. Les mâles de cette espèce sont capables de comportements nuptiaux proprement stupéfiants. Par exemple, ils peuvent créer un bouchon de sécrétion dans le cloaque de la femelle après s’être accouplé avec celle-ci, pour décourager les autres mâles de copuler avec elle29. Ils semblent également capables d’imiter les phéromones des femelles pour éloigner les autres mâles de la vraie femelle30. Cependant, cette explication n’a jamais été prouvée. Mais en 2001, Shine propose l'hypothèse suivante : il est possible que lorsqu’un mâle "déguisé" en femelle est submergé d’autres mâles le prenant pour une femelle, cette boule de mâle face augmenter sa température corporelle jusqu’à 3°C au dessus de la température des mâles "normaux", lui donnant ainsi un avantage métabolique pour la reproduction31.

Crédits photos :

1 - "chandoo" sur forum.xcitefun.net.

2 - Pierson Hill sur Flickr.


12 – Des serpents capables de changer de couleur.

 

Voilà encore un talent qui est bien connus chez les lézards, en l’occurrence les caméléons, mais bien moins chez les serpents. Ne laissez pas votre imagination allez trop vite ! Aucun serpent n’est capable d’un changement de couleur aussi rapide et marqué qu’un caméléon. Nous devons distinguer quatre types de changement de couleur chez les serpents : ceux de type ontogénétique (c’est-à-dire définitifs et liés à la croissance), ceux liés à la gestation, ceux de type nycthéméral (liés au cycle jour/nuit) et enfin ceux de type saisonnier ou liés au climat.

 

Les changements de couleur de type ontogénétique :

Les serpents possédant une livrée au stade juvénile changeant à l’âge adulte étant innombrables, nous nous bornerons ici à énumérer les cas les plus probants. En premier lieu, le magnifique python vert (Morelia viridis), vivant au nord de l’Australie, en Nouvelle-Guinée et dans les Moluques est un cas d’école : les petits naissent rouges brique ou jaunes vif, puis deviennent verts clair à l’âge adulte. Citons également la Mussurana (Clelia clelia) d’Amérique du Sud, une grande couleuvre rouge vif avec une tête noire munie d’un collier blanc à la naissance, elle deviendra intégralement noire à l’âge adulte. Une petite couleuvre endémique du Mexique, a même été baptisée pour cette raison : Geophis mutitorques, du latin muto du verbe mutare (changer) et torques (collier), en référence au collier qu’ont les juvéniles de cette espèce et qui s’estompe avec l’âge32. Enfin, citons également, plus près de chez nous, la couleuvre à échelon (Rinechis scalaris), dont "l’échelle" perd ses "barreaux" en grandissant. 

 

Les changements liés à la gestation :

Encore une fois, mentionnons le python vert (Morelia viridis), dont les femelles prennent parfois une incroyable couleur bleu turquoise pendant la gestation. Citons également le boa arboricole de Madagascar (Sanzinia madagascariensis), dont la femelle devient plus sombre lors de la gestation, probablement pour augmenter l’absorption de chaleur33.

 

Les changements de type nycthéméral :

Les boas constricteurs (Boa constrictor imperator) de l’île de Hog dans la mer des Caraïbes sont plus clairs la nuit, de la même manière que le très rare python d’Oenpelli, et le boa de l’île Ronde [(Casarea dussumieri) deux espèces dont nous avions parlé dans notre article sur les serpents les plus rares du monde], ainsi que les boas du Pacifique du genre Candoia et quelques Tropidophis (ceux capables d’auto-hémorrhée dont nous avons parlé plus haut) sont plus sombres le jour et s’éclaircissent la nuit34. Lowe, en 1986, remarque que certains spécimens d’un serpent à sonnette, Crotalus oreganus cerberus (aujourd’hui C. cerberus), sont très sombres le jour mais deviennent bruns à gris la nuit35.

 

Les changement de type saisonnier ou liés au climat :

Il semblerait que certains élapidés (famille des serpents-corail, des mambas, des serpents-marins et des cobras) australiens comme les taïpans (genre Oxyuranus) et les Pseudonaja s’assombrissent par temps froid36. Également, Campbell et Lamar, citant plusieurs études, mentionnent plusieurs espèces de serpents à sonnette (Crotalus adamanteus, C. atrox, C. cerastes, C. enyo et encore Crotalus oreganus) devenant sombres lorsque exposés à des températures basses et pâles lorsque exposés à la chaleur37. Rahn, en 1942, découvre que chez le crotale des prairies (Crotalus viridis viridis), les mélanophores (responsables du pigment noir) se dispersent ou se concentrent en réponse aux taux d’hormones et aux changements de température38. Il découvre qu’à 35°c les serpents devenaient très pâles, à 23°c ils reprenaient leur coloration habituelle ou un état intermédiaire, et qu’à 8°c ils devenaient extrêmement sombres39.

Crédits photos :

1 - festland-baumpythons.de.

2 - Todd Pierson sur Flickr.

3 - Geoff Gallice

4 - Ray Hamilton sur Flickr

5 - Budi Rebollo Fernandez sur Flickr

6 - Très vieille photo, auteur inconnu.

7 - Alex Hyde de alexhyde.photoshelter.com

8 - "JCT" sur Pinterest

9 - Inconnu sur reptilefact.com

10 - Richard Gibson

11 - Matthijs Kuijpers sur alamy.com

12 - Jake Scott sur Flickr

13 - Inconnu sur blog.untravel.com

14 - Stewart Macdonald de stewartmacdonald.com.au

15 - Bill Bouton

16 - "FlyingdogNM" sur redbubble.com


13 – Des serpents capables de cryogénisation.

 

Dans la nature, les animaux qui ont à subir une période de froid extrême ont le choix entre deux stratégies : la réfrigération, qui est le fait pour un animal d’abaisser le point de congélation de ses fluides corporels pour empêcher la formation de glace dans l’organisme, et la tolérance au gel. Les serpents-jarretière à flancs rouges (Thamnophis sirtalis parietalis) ont opté pour les deux. Les chercheurs Churchill et Storey ont mené des expériences sur cette espèce pour déterminer sa tolérance au gel. En abaissant la température internes de ces serpents à leur point de congélation voire en dessous, ils découvrirent que ces serpents pouvaient survivre à de courtes périodes de froid à l’automne allant jusqu’à -5,5°C. En revanche, au milieu de l’hiver, ils succombaient au-delà de -1,2°C. A -5,5°C, les fluides corporels des serpents contenaient jusqu’à 40% de glace. Au bout de 10 heures passées dans ces conditions, leur corps contenait jusqu’à 50% de glace et seule la moitié des serpents survivait, et enfin, au bout de 24h à 48h, la teneur en glace atteignait 70% et aucun ne survivait. Après la mort des serpents, ils prélevèrent leurs organes internes gelés. Ils n’y découvrirent pas de glycérol, un cryoprotecteur répandu chez les animaux résistant au gel, mais y décelèrent un niveau élevé de glucose dans le foie, de lactate dans le cœur (deux cryoprotecteurs), et fait intéressant, ils trouvèrent un taux anormalement élevé de taurine, un cryoprotecteur puissant utilisé par les mollusques tolérant le gel. Conclusion : ces serpents peuvent tolérer la formation de glace dans leur organisme, mais sur de courtes périodes et à l’automne, sûrement au cas où une période de froid suit le début du printemps. En hiver en revanche, ils n’ont pas intérêt à sortir. Les serpents jarretière à flancs rouges utilisent donc la réfrigération, et la tolérance au gel40.

Crédit photo :

Gary Nafis.


14 – Des serpents capables de grogner.

 

Le cobra royal (Ophiophagus hannah), plus grand serpent venimeux du monde, est un serpent capable de grogner41. Ce serpent grogne plus précisément lorsqu’il se sent menacé et active ses mécanismes de défense42. Cette manière unique d’impressionner ses assaillants est due a de petits trous dans sa trachée43. Il est assez aisé d’imaginer la réaction d’un prédateur devant un tel serpent, atteignant une telle taille, pouvant se dresser à 1,30m au dessus du sol, déployant une coiffe doublant la taille de sa tête, et "émettant un lourd et sifflant grognement venu des profondeurs de sa gorge"44. Le grognement basse fréquence du cobra royal a été décrit scientifiquement par Young en 1991. La première vidéo à droite montre le grognement très intimidant du cobra royal. Dans la même veine, Young découvre en 1995 que le serpent des pins (Pituophis melanoleucus) américain est le seul serpent au monde doté de cordes vocales. Il semble que le serpent taureau (Pituophis catenifer sayi) soit également capable du même comportement. Grâce à elles, il peut imiter à la perfection le bruit des serpents à sonnette45. En voici un exemple à droite, une vidéo montrant l’extraordinaire talent d’un Pituophis imitant un serpent à sonnette, avec en plus du bruit, la posture typique de ces derniers. Notons que ce comportement est inné chez ces serpents, ils n’ont pas besoin de l’apprendre en observant des modèles, ce qui est d’autant plus fascinant.

Crédits photos :

1 - herpingthailand.com

2 - Inconnu sur petponder.com


Extraits vidéo : en premier le grognement du cobra royal (aller à 39 secondes), en deuxième l'inoffensif serpent taureau imitant un serpent à sonnette.


15 – Des serpents qui piquent.

 

"Un serpent ne pique pas, il mord". Voilà la correction que j’apporte au grand-public à longueur d’année. Mais comme toujours il y a des exceptions, certains serpents… piquent. Mais pas pour envenimer ! Certaines espèces sont dotées d’une écaille plus ou moins pointue au bout de la queue, et s’en servent pour simuler une morsure. Le boa caoutchouc (Charina bottae) des États-Unis et du Canada est un bon exemple : lorsqu’il est acculé, il cache sa tête sous ses anneaux, et présente sa queue au prédateur, celle-ci ressemblant à sa tête dans la forme. Si le prédateur ne tourne pas les talons, il peut alors "piquer" celui-ci avec sa queue46. Ce comportement a été rapporté par Nussbaum et Hoyer en 1974. Wickler, en 1968, baptisera cette méthode "d’attaque par déviation", car elle consiste à dévier l’attaque du prédateur vers une zone moins vulnérable de leur corps47. Certains scientifiques parlent également d’automimétisme, car le serpent imite lui-même une partie de son propre corps. Il faut noter que beaucoup de boas caoutchouc rencontrés dans la nature présentent une queue fortement abîmée, présentant des traces d’attaques déviées48. Preuve que cela fonctionne. Mais le boa caoutchouc n’est pas le seul à utiliser cette technique : ce comportement est fréquemment utilisé par les serpents-fil (les Leptotyphlops, plus petits serpents du monde pas plus épais qu’un stylo), qui saisis, tentent d’enfoncer le bout de leur queue pointue dans votre main49, sans aucun dommage bien entendu. Je vous mets à droite une vidéo montrant un homme tenant un Leptotyphlops dans sa main, où l’on peut à certain brefs passages voir le serpent "piquer" la main de l’homme avec sa queue. Les serpents de vase (Farancia abacura et F. erytrogramma), inoffensive couleuvres américaines, sont parfois appelés "serpents piquants" pour cette raison50. Enfin, comme dit dans l’article sur les serpents les plus étranges, un Atractaspididé (une famille mal connue de serpents fouisseurs en majorité africains) du Moyen-Orient, Atractaspis engaddensis, utilise lui aussi cette technique51.

Crédits photos :

1 - William Flaxington sur calphotos.berkeley.edu

2 - Chris Mattison

3 - Maximilian Paradiz

4 - Pierson Hill sur Flickr

5 - Aviad Bar sur Flickr


Extrait vidéo :


16 – Des serpents utilisant des leurres corporels.

 

Ici, les passionnés d’herpétologie ne découvriront rien d’extraordinaire, mais les faits qui suivent étant largement ignorés du grand-public, je me devais de les mentionner. Certains serpents sont bien connus pour leurrer leurs proies avec une partie de leur corps, la plupart du temps le bout de la queue, mais parfois la langue.

 

Le leurre caudal :

Par exemple, la plupart des crotales asiatiques du genre Trimeresurus (et apparentés) possèdent le bout de la queue préhensile et coloré de manière différente du reste de leur corps, qui est le plus souvent vert clair. Embusqués, ils attendent leur proie en agitant ce ver de terre simulé, et accélèrent le mouvement lorsqu’une proie potentielle se rapproche. Ce comportement est surtout propre aux juvéniles. Ce caractère est apparut indépendamment chez plusieurs familles de serpents52, chez les Vipéridés comme les Pythonidés. Chez les Colubridés, plus grosse famille de serpent, ce comportement n’a quasiment jamais été observé, hormis peut-être pour une espèce assez méconnue, Tropidodryas striaticeps, une couleuvre brésilienne, dont les juvéniles portent le bout de la queue blanchâtre ou jaunâtre, et avec des écailles évasées rendant la queue plus grosse, peut-être plus appétissante53. En laboratoire, des Anolis (de petits lézards arboricoles) ont été observés en train d’attaquer la queue (utilisée comme leurre) de ces couleuvres à travers la vitre54. Du côté des crotales américains, ce comportement a été largement rapporté chez les Bothrops, en particulier chez Bothrops bilineata, B. atrox et B. asper55. Certaines magnifiques vipères africaines du genre Atheris (A. nitschei et A. chlorechis) font preuve de leurre caudal également56. Du côté des élapidés, Carpenter, en 1978, rapporte ce comportement chez les vipères de la mort (Acantophis antarcticus) d’Australie, (baptisées ainsi en raison de leur ressemblance avec les vipères, mais elles n’en sont pas, car il n’y a pas de vipères en Australie). Voici donc à droite deux vidéos, l’une montrant un crotale arboricole du Costa Rica leurrer avec sa queue, et une "vipère" de la mort actionnant le même mécanisme. Pour finir, impossible de parler du leurre caudal chez les serpents sans mentionner l’incroyable vipère à queue d’araignée (Pseudocerastes urarachnoides) d’Iran, dont nous avions déjà parlé dans notre article sur les serpents les plus étranges. Vous avez à droite également un petit extrait de ses talents.

 

Le leurre lingual :

Moins nombreux sont les serpents qui se servent de leur langue comme d’un leurre. Il semblerait que le serpent liane africain (Thelotornis kirtlandii) agite sa langue pour leurrer les oiseaux dont il se nourrit, mais cela n’a pas été prouvé formellement57. En 2000, Welsh et Lind rapportent le cas d’un serpent jarretière, Thamnophis atratus, utilisant sa langue comme leurre pour attirer de jeunes poissons. Ce comportement n’a été rapporté que pour les juvéniles. Les serpenteaux dardent leur langue à la surface de l’eau et la font frémir comme un petit insecte tombé à la surface de l’eau58. Un comportement similaire a été observé chez des couleuvres aquatiques américaines (Nerodia rhombifer et N. sipedon) par Czaplicki et Porter en 1974. Je vous mets à droite en vidéo une Nerodia de Floride utilisant le leurre lingual, ainsi qu'une vidéo trouvée sur youtube qui montre une jeune couleuvre vipérine semblant leurrer les alevins avec sa langue à la surface de l’eau. Seulement, il est difficile de dire s’il s’agit d’une coïncidence ou d’un vrai leurre lingual.

Crédits photos :

1 - inconnu sur reptile-database.

2 - Mike Rol, mon meilleur ami.

3 - Antony Bakalov sur Pinterest

4 - BPFischer sur Deviantart.

5 - Gary Stephenson sur Flickr

6 - Frank Deschandol (site et galerie Flickr).

7 - Warren Klein sur sareptiles.co.za

8 - inconnu sur serpentarij.blogspot.com


Extraits vidéo : le crotale costaricain (Botriechis lateralis) :

Vipère de la mort actionnant son leurre caudal :

Vipère à queue d'araignée avec son leurre caudal (allez à 27 secondes) :

Couleuvre aquatique de Floride attirant un poisson avec sa langue (aller à 35 secondes) :

Une couleuvre vipérine semblant leurrer les alevins avec sa langue :


17 – Des serpents capables de soins parentaux.

 

Les serpents ne prodiguent, dans leur immense majorité, absolument aucun soins parentaux. Les petits, tout juste sortis de l’œuf ou de la membrane, sont livrés à eux-mêmes dès les premières secondes de leur vie. Pourtant, il semble qu’il y ait quelques exceptions. Premièrement, nous avions déjà parlé des pythons géants se lovant autour de leurs œufs pour les incuber. Nous pouvons également parler de certaines espèces de Psammophiinés comme Psammophylax rhombeatus et P. variabilis qui pondent leurs œufs dans un trou du sol et se lovent autour, ou encore de la couleuvre asiatique Trimerodytes percarinatus  qui garde également ses œufs59. Enfin, quelques autres colubridés comme certaines Elaphe, le serpent de vase (Farancia abacura) déjà cité (qui utilise parfois des nids d’alligator pour pondre d’ailleurs), gardent leurs œufs, ainsi qu’un minuscule Leptotyphlopidé (L. dulcis), prend soin de ses tout petits œufs également. Chez les vipéridés, une famille très peu ovipare, une espèce asiatique, Calloselasma rhodostoma, se love autour de sa vingtaine d’œufs pendant les 40 jours d’incubation60. Également, certains crotales, comme le mocassin d’eau (Agkistrodon piscivorus) et le crotale des bois (Crotalus horridus) restent avec leurs petits entre 5 et 10 jours après la mise-bas61. Enfin, la femelle de l’anaconda vert (Eunectes murinus) consomme la membrane fétale et les œufs infertiles dès la mise-bas accomplie, pour éviter d’attirer les fourmis et autres prédateurs qui pourraient s’en prendre à sa portée62. Tout cela constitue des exemples de soins parentaux "limités" dirons-nous. Ceci étant dit, passons au fait le plus troublant observable chez les serpents : les soins parentaux du cobra royal.

 

Les femelles de cette espèce bâtissent de véritables nids : avec leur queue, elles rabattent les brindilles et les branches fines et fabriquent une sorte de pyramide dans laquelle elles se lovent et garderont les œufs jusqu’à l’éclosion63. Il semblerait même que cette pyramide comporte deux chambres : une pour les œufs, en bas, et l’autre en hauteur pour la femelle64. D’après l’herpétologue Mark O’Shea, les cobras royaux sont capables de provoquer la mort d’éléphants qui seraient sur le point de chambouler le nid avec leur trompe, en leur mordant le bout de celle-ci65. Toujours d’après lui, dans la région d’Orissa (maintenant Odisha, en Inde de l’est), les cobras royaux sont connus pour fabriquer leurs nids… dans les arbres66. Se rendant sur place, il ne parviendra cependant pas à en trouver un. Tout ceci m’amène à vous parler d’un sujet dont j’ai toujours voulu vous entretenir : l’intelligence supérieure du cobra royal.

 

Tous les herpétologues ou terrariophiles qui ont travaillé avec cette espèce dans la nature ou en captivité vous le diront : ce serpent est supérieurement intelligent. Il est difficile d’affirmer ceci car aucune étude scientifique, à ma connaissance, n’a quantifié et prouvé cette assertion. Mais les faits sont là, ces serpents sont capables de fabriquer des nids, avec deux chambres qui plus est. Les terrariophiles affirment qu’un cobra royal est capable de reconnaître son soigneur. L’herpétologue Mark’O Shea, dans son Venomous Snakes of the World, après avoir souligné la réputation d’intelligence de l’espèce, rapporte cette anecdote que je vous traduis ici : "J’ai capturé une femelle cobra royal de 3 mètres derrière un temple. Elle était en train d’avaler, tuer et manger un serpent ratier de Dharman. En testant plus tard les sens de ce spécimen, je lui fit déployer sa coiffe, et elle me regarda directement dans les yeux, et lorsqu’elle eut mon attention, je vis ses pupilles converger sur mon visage, et elle commença à osciller. J’oscillai alors avec elle et j’étais sûr qu’elle me demandait pourquoi je l’avais attrapé. Je me senti extrêmement coupable et me déterminai à la relâcher aussi rapidement que possible, ce que je fis, dans un coin perdu de forêt. Ce fut le moment le plus spirituel de ma vie, je suis sûr qu’elle essayait de communiquer avec moi, c’est quelque chose que je n’ai jamais ressenti avec aucun autre serpent67." De même, Austin Stevens nous raconte sa troublante expérience avec le cobra royal qu’il trouva pour le tournage de l’épisode 9 de la saison 1 de son émission : "[…] chargeant droit sur moi avec la tête dressée, prêt à frapper. J’utilise le mot "charger" tout à fait sérieusement, je n’avais jamais vécu quelque chose comme ça auparavant. Les buffles chargent ! Les éléphants et les rhinocéros chargent ! Les serpents ne chargent pas ? Si je ne l’avais pas vécu moi-même, je ne l’aurai jamais cru. C’était le plus gros serpent venimeux que j’avais vu dans ma vie. […] Et pendant que doucement, très doucement, j’abaissais mon sac photo de mon épaule vers le sol, pour être plus libre dans mes mouvements, le serpent fit quelque chose que je n’avais jamais vu avec aucun autre serpent. Il concentra ses yeux sur mes mouvements pendant que je me penchais pour poser le sac photo, et pencha la tête, pas en avant, mais de côté, à un angle, comme pour diriger son œil plus près pour une meilleure vue, de la même manière qu’un faucon le ferait en examinant une proie potentielle. J’étais étonné, et encore une fois le serpent regarda directement dans mes yeux, je réalisa sans l’ombre d’un doute, que j’étais en présence d’une intelligence supérieure. […] En comparaison, c’était comme faire face à un adulte, alors que tous les autres serpents vus jusqu’ici étaient des enfants. [...] mais c’était un reptile, une créature supposée réagir uniquement par instinct, sans intelligence notable de sa propre volonté. C’était sans aucun doute le roi des serpents. […] Pour la seconde fois ce jour j’étais témoin du fait que ce n’était pas un serpent ordinaire, mais un serpent pensant et calculateur, car lorsqu’il a réalisé que je n’étais en fait pas une menace pour lui, il m’a simplement regardé lorsque je me suis introduit dans sa zone de frappe, il m’a regardé, avec sa tête penchée, plus, semble-t’il, par curiosité que par colère. Alors que je me relevait avec précaution, le grand serpent se reculait doucement pour me laisser de l’espace. Je n’avais jamais vécu quelque chose comme ça auparavant. […] c’est une expérience qui a affecté ma vie.68"

 

A ma connaissance, il n’y a pas encore eu d’étude sur l’intelligence du cobra royal. Mais il serait très intéressant d’en réaliser !

Crédits photos :

1 - Tyrone Ping de tyroneping.co.za

2 - "Dan²" sur Flickr

3 - Frank Deschandol (site et galerie Flickr).

4 - Robert Hamilton sur alamy.com

5 - M. Watson sur fineartamerica.com

6 - K.S. Sajwan sur researchgate.net

7 - Austin Stevens.


18 – Des serpents capables de chasser en groupe.

 

Nous ne sommes pas loin des vélociraptors : en 1993, Keiser observe 4 mocassins d’eau (Agkistrodon piscivorus) réunis près d’une flaque d’eau dans laquelle subsistaient de petits poissons du genre Lepomis. Lorsqu’un des crotales entrait dans l’eau, des poissons, effrayés, sautaient sur la berge et étaient mangés par les serpents restés au bord69. Si c’est une coïncidence, Keiser affirme toutefois que de telles opportunités jouent un rôle certain dans une possible évolution vers un comportement coopératif chez ces serpents70.

Crédit photo :

"nightowl" sur deviantart.com


19 – Des serpents toxiques.

 

La différence entre un animal venimeux et un animal toxique, est que le premier a développé un moyen d’inoculer son venin dans l’organisme de sa proie ou son prédateur : crochets à venin, dard, épines en tout genre, le plus souvent reliés à une glande pressée volontairement par des muscles, comme les serpents, les scorpions, les guêpes etc: alors que le deuxième, l’animal toxique, sécrète naturellement une ou plusieurs toxines par les pores de sa peau, dans sa chair ou par des glandes cutanées, sans l’injecter délibérément dans l’organisme, c’est le cas des crapauds européens ou de la salamandre tachetée par exemple. Il existe pourtant un genre de couleuvres asiatiques, les Rhabdophis, possédant des glandes nucho-dorsales leur permettant de sécréter une toxine (la bufadiénolide, toxine qu’elles absorbent dans le métabolisme des crapauds dont elles se nourrissent) autre que leur venin (ou salive modifiée, ces couleuvres ayant pour la plupart un appareil venimeux peu développé). Ce fluide, d’un goût et d’une odeur épouvantables, servent à faire renoncer les prédateurs. Autre que les Rhabdophis, le genre Macropisthodon (d’autres splendides couleuvres aquatiques d’Asie) pratique également cette méthode défensive71. Fait notable, chez Rhabdophis subminiatus, seules les populations septentrionales sont dotées de ces glandes nucho-dorsales, les populations méridionales, elles, en sont dépourvues72. Les Rhabdophis, longtemps considérées inoffensives, sont en fait des opisthoglyphes dangereux, au moins pour R. tigrinus : son venin à la fois pro et anti-coagulant, peut provoquer une hémorragie jusqu’à la thrombose (caillot), la nécrose, le syndrome de la coagulation intravasculaire disséminé, entre autre73. Des morsures mortelles ont même été enregistrées pour cette espèce74. Les autres espèces de ce genre doivent être traitées avec beaucoup de précaution. Mark O’Shea en a fait l’expérience : "Dans les années 1970 je possédais de nombreux serpents aquatiques et autres "keelbacks" (nda : nom vernaculaire anglophone des Rhabdophis) dans ma collection privée et j’étais toujours à la recherche d’espèces que je n’avais jamais maintenu. J’ai obtenu une couleuvre à cou rouge (à l’époque "Natrix subminiatus"), d’un vendeur de reptiles et j’essayais de compter ses dents, pour déterminer sa sous-espèce, quand j’ai aperçu de larges crochets postérieurs. J’ai contacté le vendeur pour lui dire qu’elle était venimeuse mais il m’a assuré qu’elle ne l’était pas. Le serpent refusa de manger et est mort peu de temps après. Je l’ai alors préservé. Peu après, un étudiant en médecine de Londres, qui semblait avoir acheté un spécimen venant du même lot que le miens, fut mordu et sérieusement envenimé.75"

 

Nous avions déjà parlé de ces serpents dans notre article sur les 10 serpents les plus étranges au monde mais nous avions omis de parler de leur comportement défensif très étrange. Lorsqu’elles se sentent menacées, elles collent leur nuque d’où suinte la toxine irritante sur leur agresseur ! Un autre exemple d’un serpent vraiment étonnant. Nous avons déniché une vidéo parfaitement réalisée pour montrer ce comportement, que nous vous mettons dans la colonne de droite.

Crédits photos :

1 - Kevin Robert Messenger sur researchgate.net

2 - "Le blog d'un globe-trotter naturaliste" 

3 - Krishna Kahn

4 - Dr Mark D. Scherz


Extrait vidéo, une Rhabdophis appliquant son cou contre l'adversaire :


20 – Les rassemblements de serpent-marin.

 

Phénomène curieux que nous avions brièvement abordé dans notre précédent article sur les records chez les serpents, ces événements sont très rares, et consistent en des rassemblements de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de serpents-marins. Un tel rassemblement d’une longueur de 100km sur 3 mètres de large76 est mondialement célèbre dans la communauté herpétologique. Comme nous le disions dans l’article sus-mentionné, ce rassemblement est souvent cité mais la source originale est largement oubliée : il s’agit d’un rapport de 1932 d’un certain Willoughby Lowe, mentionnant une agrégation de serpents-marins de Stokes (Hydrophis stokesii) de 100km de long, dans le détroit de Malacca (entre Sumatra et la péninsule Malaise en Indonésie), observés depuis un bateau77. Cela fait littéralement des millions de serpents. Il n’existe aucune photo de cet événement incroyable. Des agrégations concernant d’autres espèces de serpents-marins ont déjà été observé, comme pour l’Hydrophide schisteux (Hydrophis schistosus) qui forme parfois de grands groupes qui suivent les poissons passant du Mékong à un grand lac au cours de l’été, pour y rester plusieurs mois avant de rejoindre le Mékong par vagues successives78. Ces vagues de retour, synchronisées avec celles des poissons, seraient liées aux phases de la lune79. Lowe a rapporté son observation surréaliste dans son livre "The Trail That Is Always New", parut en 1932, dont je vous traduis le passage : "[…] l’eau était maintenant devenue très calme et huileuse en apparence.  Après avoir déjeuné le 4 mai, je me rendis sur le pont en parlant à quelques passagers quand soudain, regardant vers la terre, je vis une longue ligne avançant parallèlement à notre trajet. Elle devait être à 6 ou 8 kilomètres. […] En retournant sur le pont (nda : après une sieste et avoir pris le thé) nous avons continué d’observer la curieuse ligne qui avait continué de bouillonner pendant quatre heures, sauf que désormais elle se situait sur notre parcourt… Alors que nous nous approchions nous furent étonnés de voir qu’elle était composée d’une masse solide de serpents-marins, entortillés entre-eux. Ils étaient oranges-rouges et noirs, une variété très rare et venimeuse [le serpent-marin de Stokes (Astrotia stokesii)]… Certains étaient […] aussi épais qu’un poignet, mais les plus visibles étaient aussi épais que la jambe d’un homme en dessous du genou. Dans cette ligne il devait y en avoir des millions; et lorsque je dis millions je n’exagère pas.80"

 

Ces événements sont restés très longtemps inexpliqués, car observés par des herpétologues, et non des océanographes, qui eux connaissent bien ce phénomène, qu'ils ont baptisé "drift lines". Parfois, les courants convergent et forcent les objets à la dérive à se concentrer sur une ligne d'écume formée par le phénomène81. A l'intérieur de ces "drift lines", beaucoup de petits poissons se retrouvent piégés car ils n'ont pas assez de force pour lutter et s'en échapper. Il est fort probable que les serpents-marins y voient une aubaine pour se nourrir facilement. Plusieurs espèces de serpents-marins ont été observées de la sorte, comme l'Aipysure d'Eydoux (Aipysurus eydouxii), dont Colin Limpus rapporte qu'en avril 1970, un pêcheur de crevettes lui raconta qu'une nuit il vit un immense rassemblement de cette espèce le long de la rivière Burnett en Australie, où "des milliers de serpents-marins furent attrapés, débordant du plateau de tri et se tortillant partout sur le pont"82.


Le serpent-marin à ventre jaune (Hydrophis platurus) a souvent été observé dans des drift-lines, par l'herpétologue Chaim Kropach en 1971, ou encore par William Dunson la même année au large du Costa-Rica, où les scientifiques ont pu collecter plus de 300 spécimens sur 3 kilomètres83. Si le cas de l'Aipysure d'Eydoux s'explique difficilement, celui de l'Hydrophide à ventre jaune est plus compréhensible : c'est une espèce qui ne nage que très peu, se laissant porter par les courants le plus clair de son temps. Il n'est donc pas étonnant de les voir ainsi aggrégés.

Crédit photo :

Angus McNab sur Flickr


21 – Des serpents cracheurs autres que les cobras.

 

Les cobras cracheurs sont un phénomène maintenant bien connu du grand-public, ce sont des serpents possédant un crochet à venin modifié, présentant une ouverture dirigée vers l’avant, et faisant jaillir leur venin en direction de leur adversaire pour l’effrayer. Une vingtaine d’espèces de cobras du genre Naja [et un "faux" cobra, le ringhal (Hemachatus haemachatus)] sont concernées. Ils peuvent projeter leur venin entre deux et trois mètres de distance84, le plus souvent en visant les yeux, ou tout du moins le visage de leur adversaire. Un jet de venin dans les yeux, si non rincé très vite, peut avoir de graves conséquences sur la cornée, pouvant conduire à une cécité définitive85.

 

Cependant, biens moins connus sont les serpents autres que les cobras étant eux aussi tout à fait capables de cracher leur venin. C’est le cas par exemple du très rare et merveilleux crotale de Mangshan (Protobothrops mangshanensis). Mark O’Shea nous dit : "le seul non-cobra connu pour cracher son venin"86. Chris Mattison nous dit également à son sujet : "Elle cracherait son venin, ce qui, si cela était confirmé, serait unique chez les vipéridés"87. Avec l’immense respect que je dois à ces deux brillants herpétologues, je suis forcé de le constater : ces deux messieurs ne semblent pas avoir été mis au courant d’une découverte passée très largement inaperçue dans la communauté herpétologique : Mole, en 1924, sur l’île de Trinidad, observa un Fer-de-Lance ou Terciopelo (Bothrops asper) l’un des plus massif et dangereux crotale au monde, éjecter son venin à au moins 1,80 mètre de distance, en jets fin, du bout de ses crochets88. Rendez-vous compte… Ce crotale, réputé comme plus irritable, imprévisible et agressif que ses congénères89, mesurant jusqu’à 2,50 mètres90, possédant un venin aux effets nécrotiques et pro-coagulants proprement infernaux : "un moment après avoir été mordu, l’homme senti germer un réel feu dans la blessure, comme si des pinces chauffées à blanc contorsionnaient sa chair; qui était mortifiée jusqu’à la monstruosité, puis la lividité l’envahit. La malheureuse victime était témoin de son corps devenant un cadavre morceau  par morceau, un frisson de mort envahit tout son être, et bientôt des fils de sang tombaient de ses gencives; et ses yeux, sans le vouloir, pleuraient aussi du sang, jusqu’à ce que, frappé par la souffrance et l’angoisse, il perdit le sens de la réalité"91, (nda : ceci est la description d’une envenimation très sévère et fort heureusement, l’immense majorité des morsures de ce serpent ne se terminent pas comme ça), décrit par Mark O’Shea comme étant "le serpent possédant la tête la plus sinistre que je n’ai jamais vu, il a tout le temps l’air énervé, même lorsqu’il est au repos"92, ou encore par Austin Stevens comme étant "le serpent le plus vicieux que j’ai rencontré dans toute ma carrière d’herpétologue"93, est semble t’il capable de cracher son venin… Décidément, ce serpent semble vouloir caricaturer à lui seul la vision négative du serpent véhiculée sans cesse par les documentaires sensationnalistes. Je trouve personnellement ce serpent un peu terrifiant il est vrai, par sa dangerosité, sa taille et son tempérament, mais aussi proprement magnifique et étonnant, inspirant l’humilité et le respect. Comme n’importe quel serpent, il ne fera de mal à personne qui le laisse tranquille.

Crédits photos :

1 - africansnakebiteinstitute.com

2 - Christopher Gillette

3, 4 et 5 : Austin Stevens Adventures, saison 1 épisode 5.


Conclusion :

 

Comme à l’accoutumée, nous espérons que la longueur (totalement imprévue d’ailleurs) de cet article n’aura pas découragé le lecteur.

 

Nous ne sommes plus étonnés de voir des grands singes ou des perroquets accomplir des prodiges, car nous les concevons de base comme des animaux supérieurement intelligents. Nous ne sommes plus stupéfaits de voir un cacatoès ouvrir un cadenas à code ou encore un chimpanzé faire du vélo, car leur haute capacité cognitive est de l’ordre de l’unanimement admis. En revanche, voir un serpent voler, fabriquer un nid, se déguiser en femelle ou chasser en groupe nous provoque immédiatement un étonnement imprévu, nous ressentons comme une sorte d’incompréhension, comme s’ils n’étaient pas sensés faire preuve d’autant d’ingéniosité, eux, ces animaux au cerveau reptilien, fonctionnant à l’instinct. Ils nous figent sur place en faisant montre d’une telle faculté d’adaptation, car ils ne nous ont pas habitués à ça. Dans notre inconscient, nous les transformons en archétypes, nous les voulons simples, farouches, limités, et alors ils nous apparaissent surprenants, ingénieux, beaux, humbles.

 

Alors peut-être que, comme moi, la lecture de tous ces incroyables faits aura été une étincelle à raviver le feu sacré de l’étonnement, l’étonnement de ce que les choses sont ce qu’elles sont.

 

Guillaume Tessereau, 20/02/2021.


Sources :

 

1 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, pp. 185, 186.

2 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p. 33.

3 : Ibidem.

4 : Cornélius De Haan, Michel Aymerich, Des comportements frotteur et marqueur, pour la chasse et la vie sociale, date inconnue, pp. 1 et 2.

5 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, pp. 1090, 110, 111.

6 : Ibidem p. 113.

7 : Ibidem.

8 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p. 65.

9 : Ibidem p. 155.

10 : Ouvrage collectif, Les serpents, Bordas, 1994, p. 171.

11 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 45.

12 : Ouvrage collectif, Les serpents, Bordas, 1994, p. 72.

13 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 180.

14 : Ibidem. p. 105.

15 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p. 135.

16 : Ibidem.

17 : Ibidem. p. 239.

18 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 105.

19 : Ouvrage collectif, Les serpents, Bordas, 1994, p. 171.

20 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, pp 136, 137.

21 : Ibidem. p. 137.

22 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p. 69.

23 : Ibidem.

24 : Ibidem. p. 77.

25 : Ibidem.

26 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 131.

27 : Ibidem.

28 : Ibidem.

29 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 129.

30 : Ibidem.

31 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 619.

32 : Rémi Ksas, L’étymologie des noms latins des serpents, Venom World éditions, 2015, p 120.

33 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p. 30.

34 : Ibidem.

35 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 499.

36 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p. 30.

37 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 499.

38 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 597.

39 : Ibidem.

40 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p. 63.

41 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 96.

42 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 108.

43 : Austin Stevens, The Last Snakeman, Noir Publishing, 2007, p 165.

44 : Ibidem.

45 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 620.

46 : Ibidem.

47 : Ibidem.

48 : Ouvrage collectif, Les serpents, Bordas, 1994, p. 162.

49 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 134.

50 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 135.

51 : Ibidem.

52 : Ibidem. P 114.

53 : Ibidem.

54 : Sazima I. & Puorto G., Feeding technique of juvenile Tropidodryas striaticeps : probable caudal luring in a colubrid snake, Copela, 1993, pp 222, 223.

55 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 115.

56 : Ibidem.

57 : Ibidem.

58 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 631.

59 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 155.

60 : Ibidem.

61 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, pp 131, 132.

62 : Ibidem.

63 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 155.

64 : Austin Stevens, The Last Snakeman, Noir Publishing, 2007, p 165.

65 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 96.

66 : Ibidem.

67 : Ibidem. P 97.

68 : Austin Stevens, The Last Snakeman, Noir Publishing, 2007, p 166.

69 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 1, p 256.

70 : Ibidem.

71 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 105.

72 : Ouvrage collectif, Les serpents, Bordas, 1994, p. 169.

73 :Ibidem. P 209.

74 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, pp 82, 83.

75 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 67.

76 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 29.

77 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 41.

78 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 29.

79 : Ibidem.

80 : Cité par Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 231.

81 : Ouvrage collectif, The Biology of Sea Snakes, University Park Press, 1975, pp 14, 15.

82 : Ibidem. pp 175, 176.

83 : Ibidem. pp 14, 15.

84 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 72.

85 : Ibidem.

86 : Ibidem. P 111.

87 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 226.

88 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 737.

89 : Ibidem.

90 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 36.

91 : Harry W. Greene, Snakes – The evolution of mystery in nature, University of California Press, 1997, p 76.

92 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 36.

93 : Austin Stevens, Snakemaster, Skyhorse Publishing, 2014, p 157.


Commentaires: 3
  • #3

    Maryvonne Biet (mardi, 23 février 2021 08:13)

    Wouah ! Vraiment très intéressant cet article. Bravo champion.

  • #2

    Guillaume Tessereau - Naturamagnifica (mardi, 23 février 2021 00:58)

    Salut Nicolas !

    Merci pour l'encouragement. Très intéressant pour le boa arc-en-ciel, si tu as une référence bibliographique ou autre source, n'hésite pas à me l'envoyer, je le rajouterai et je te mentionnerais.

    Guillaume.

  • #1

    Nicolas (mardi, 23 février 2021 00:45)

    Salut, Guillaume, en lien avec ce passage : Les changements de type nycthéméral. Tu nommes le boa de Hog Island, en revanche, le premier qui me serait venu en tête. C’est le boa arc-en-ciel qui, une fois la nuit tombée, devient blanchâtre des flancs.

    Super texte, au passage. :)