Les records chez les serpents - 42 records sans les pattes

Introduction :

 

Sur internet, que ce soit sous forme d’articles ou de vidéos, le sujet des records chez les serpents tourne à peu près toujours autour des mêmes performances : le plus grand, le plus venimeux, le plus gros, et le plus dangereux. Ces records sont très intéressants, mais assez souvent erronés ou dénaturés, car leurs médiateurs, plutôt que d’aller chercher l’information dans les sources originales (publications scientifiques, livres), se contentent de Wikipédia (parfois fiable, parfois non, suivant qui y apporte l’information) ou autres sources d’informations libres. Et il faut bien le dire, internet est également rempli de vidéos toutes plus absurdes les unes que les autres, aux titres toujours plus racoleurs, du genre "Incroyable ! - un serpent géant de 100 mètres vu d’hélicoptère dans l’Amazone OMG", avec l’incontournable photo de miniature photoshopée aux effets spéciaux rivalisant de ridicule. Ces records, sensationnels il est vrai, occultent souvent d’autres records ou faits uniques bien moins connus chez les reptiles, et qui pourtant, en plus de nous étonner, permettent de saisir dans sa grandeur vertigineuse, l’incroyable diversité de ces animaux merveilleux.

 

Avant de commencer l’article, nous nous devons d’avertir le lecteur ayant un cursus universitaire en zoologie, qu’en tant que non-scientifique, nous n’avons pas accès à l’immense majorité des publications professionnelles, dans lesquelles se trouvent les informations et découvertes les plus récentes. Pour rédiger cet article, nous avons puisé dans notre bibliothèque personnelle, que nous remplissons à longueur d’année des meilleurs livres d’herpétologie, dans leurs éditions les plus récentes. Mais certains de ces livres datant quelque peu, il est possible que certaines informations récentes viennent infirmer un ou plusieurs faits énoncés dans cet article. Nous nous en excusons de prime abord, et invitons le dit lecteur professionnel à nous corriger courtoisement en section commentaire s’il le souhaite. L’article sera modifié, et son correcteur cité comme il se doit.

 

Il aura fallu une bonne centaine d’heures de lecture et d’annotations pour rassembler les informations nécessaires à cette publication, et quelques dizaines en plus pour le rédiger, le mettre en page, et rechercher les photographies/illustrations nécessaires à sa compréhension et à sa capacité divertissante. Ce fut fastidieux, parfois décourageant, mais il fallait au moins ça pour aboutir à ce que vous vous apprêtez à lire, et que je désirais réaliser depuis plus d’un an. Cette longue plongée dans la littérature herpétologique, en plus d’améliorer mon anglais, m’aura parfois permis de remettre en cause certaines des mes croyances que je tenais pour certaines et absolument acquises. Le style de cet article, enfin, n’aura presque rien de littéraire car il concerne uniquement des faits scientifiques, contrairement aux précédents articles pour lesquels je faisais plus amplement appel à mes émotions.

 

Note : une seule espèce pouvant posséder plusieurs records à elle seule, ces derniers peuvent être regroupés dans un seul paragraphe. De même, certaines catégories générales (poids, taille, etc), sont regroupées pour ne pas allonger l’article déjà conséquent. Par exemple, le premier paragraphe "1 et 2 – Le serpent-marin…" signifie qu’il y a deux records de présentés dans ce même paragraphe. Encore une chose, une galerie d'image correspond systématiquement à un paragraphe, et les espèces y apparaissent dans le même ordre qu'énoncées dans ce dernier. N'oubliez pas de cliquer sur les photographies pour les agrandir et voir leur description.

 

Comme d’habitude, nous prions le lecteur de nous pardonner la longueur de cet article, mais comme il le sait déjà, lorsque votre serviteur vous parle de serpent, et ses collègues d’usine vous le confirmeront mille fois, il ne peut pas s’arrêter. En espérant que cela vous plaira.

 

Bonne lecture !


1 et 2 - Le serpent marin le plus dangereux, et qui possède la plus grosse portée :

 

L’Hydrophide schisteuse (Hydrophis schistosus), est certainement le serpent-marin le plus dangereux, parce qu’elle fréquente les eaux boueuses des estuaires où les pêcheurs évoluent pieds nus, pour relever leurs filets. Bien connue comme agressive, elle atteint 1,50m(1). Ses crochets à venin, de 3,70mm, délivrent une dose de 8,50mg en moyenne mais cela peut aller jusqu’à 79mg, auquel cas 52 personnes succomberaient de cette dose. Considérée comme acariâtre et sauvage, elle est plus venimeuse que les mambas verts, la vipère du Gabon et le maître de la brousse, le plus grand crotale du monde(2). Une étude menée par le docteur Reid entre 1956 et 1979  est intéressante, il fit mordre la queue d’un chien par cette espèce et amputa à différentes intervalles de temps. Il constata que le venin diffuse très rapidement (moins de 3 minutes), mais que la moitié des morsures sont "sèches"(3). Cette espèce est responsable de la plupart des décès par serpents-marins(4). Son venin attaque les tissus cutanés, conjonctifs et musculaires, par effet des myotoxines qui altèrent les muscles squelettiques et les parois des cellules musculaires, ce qui provoque de violentes douleurs dans les muscles ainsi qu’une dégénérescence et une paralysie de ces derniers. Une myoglobinurie (urine couleurs coca-cola) apparaît, trahissant une grave atteinte rénale. Ces symptômes sont caractéristiques des morsures par serpent-marin(5). Dans la province de Madang en Papouasie Nouvelle-Guinée, ce serpent est connu pour être responsable de 50% des morsures par serpents venimeux et 90% des décès par ces mêmes morsures(6). L’Enhydrine schisteuse, de son ancien nom, détient également le record du serpent-marin ayant la plus grosse portée, en raison de la très haute mortalité des petits. Il semblerait que ce serpent soit extrêmement fragile lorsqu’il est sorti de l’eau : Mark O’Shea, dans son livre sur les serpents venimeux du monde, explique qu’un soir, lors d’une soirée où avec des scientifiques, il captura près de 220 serpents-marins à Weipa en Australie, constata que peu après avoir été maintenu par le cou, ces serpents enflent et développent un grave œdème, probablement parce qu’ils évoluent dans une eau où ils ne rencontrent jamais d’obstacles et n’ont donc pas la tête très solide. Tous les anti-venins anti-serpent-marins sont fabriqués avec le venin de cette espèce(7). Des travaux récents ont montré qu’il existerait une nouvelle espèce d’Hydrophide très proche, appelée de Zweifel (Hydrophis zweifeli), et celle concernée par ces records serait donc cette espèce, très proche de la première(8).  

Crédits photos :

1 - Avinash Shanbhag de indiansnakes.org.

2 - Poelzer Wolfgang sur Alamy Stock.


3 et 4 – Le serpent à la peau la plus perméable et au plus gros volume de sang :

 

La peau de l’Acrochorde granuleux (Acrochordus granulatus) est 10 fois plus perméable que celle d’un crotale diamantin, espèce désertique américaine adaptée aux chaleurs infernales. L’eau remonte via les étranges aspérités de sa peau et créée une sorte d’enveloppe liquide au serpent, un bouclier contre la sécheresse, s’il venait à s’échouer sur la boue(9). Enfin, autre record pour ce serpent, il est celui qui possède le plus gros volume de sang dans son métabolisme (13 % de plus que les autres en moyenne), et possède donc le plus haut taux d’hématocrites (pourcentage de globules rouges), ce qui lui permets de stocker beaucoup d’oxygène lors de ses plongées(10). Un miracle d’adaptation !

Crédits photos :

1 - Patrick Pradhan

2 - ularindonesian.blogspot.com


5 – Le serpent avec le taux de reproduction le plus bas :

 

L’Acrochorde d’Arafura (Acrochordus arafurae), un grand et étrange serpent semi-marin atteignant 2,50 mètres, n’est pas un obsédé de la parturition, et c’est le moins que l’on puisse dire, car il ne se reproduit qu’une fois tous les 10 ans(11).

Crédits photo :

Eric Vanderduys sur calphotos.berkeley.edu.


6 – Des serpents avec un seul ovaire :

 

Les femelles de certains Tantilla (de minuscules couleuvres américaines ne dépassant pas 20cm) et un atractaspididé (Polemon notatus) n’ont qu’un ovaire, et de manière logique, qu’un oviducte (le canal de l’ovaire), probablement du au fait que ces serpents sont très maigres et très allongés, et fouisseurs(12). Je ne sais en revanche pas si elles ne possèdent, par suite logique, qu’un unique hémiclitoris, ni si les mâles ont un système analogue.

Crédits photos :

1 - Patrick Briggs sur californiaherps.com.

2 - Marius Burger sur Wikipédia.


7 – Les serpents venimeux avec les plus longues glandes à venin :

 

Certains serpents venimeux ont développé de très longues glandes à venin qui se prolongent loin derrière la nuque. C’est le cas d’un atractaspididé (Micrelaps bicoloratus), mais le plus parlant est le cas d’un serpent corail asiatique au venin très puissant : Calliophis bivirgatus(13) : ses glandes à venin sont de forme longitudinale et parcourent le cou du serpent jusqu’à quasiment la moitié du corps. Il y a de fortes chances que les autres espèces du genre Calliophis soient pourvues de pareilles glandes mais je n’en ai pas trouvé trace dans la littérature.

Crédits photos :

1 - David Bygott sur Flickr.

2 - Scott Trageser sur 500px.com.

3 - serpentresearch.org.


8 – Records d’altitude :

 

Plusieurs espèces se disputent ce record. Il semblerait que le record absolu soit détenu par un petit crotale asiatique, Gloydius himalayanus, qui vivrait à plus de 5000m d’altitude, au pied d’un glacier au nord de l’Inde(14). L’espèce est suivie de près par trois autres espèces proches, Gloydius strauchi, 4267m au Tibet, Gloydius monticola et G. halys, 4000m dans le Sechouan, en Chine. Au Mexique, un autre concurrent, Crotalus triseriatus, atteint 4000m sur le volcan Orizaba(15).

Crédits photos :

1 - Chime Tsetan sur animalsnapshot.blogspot.com.

2 - Gernot Vogel sur reptile-database.reptarium.cz.

3 - Gleb alexander sur Flickr.

4 - Paul Freed sur reptile-database.reptarium.cz.


9 et 10 – Records de portées/pontes :

 

Si certains serpents ne pondent qu’un seul et unique œuf, comme le "recordsnake" Tetracheilostoma carlae (on ne peut pas faire moins)(16), certains vont dans l’extrême inverse : dans le zoo de Dvur Kralove, en République Tchèque, une vipère heurtante d’un 1,10m a mis au monde... 157 petits, un record absolu(17). Hormis ce record, la vipère heurtante est bien connue pour ses énormes portées. A ce sujet, je ne puis m’empêcher de vous rapporter l’anecdote impliquant l’herpétologue Austin Stevens et ce fabuleux reptile, alors qu’il en cherchait une gestante en Afrique pour un documentaire :

"J’approchais de la fin de l’année quand j’ai finalement localisé une femelle dont le corps apparaissait suffisamment enflé pour me convaincre qu’elle n’était qu’à quelques jours de mettre bas. Ne voulant pas perdre l’opportunité et sachant que le serpent pouvait facilement m’échapper dans la nature, je la plaçai dans une cagette de pommes vide que je gardais dans mon véhicule, où elle pourrait se sentir en sécurité jusqu’à ce qu’il soit temps pour elle de mettre bas. En ayant le serpent en permanence sous ma surveillance, j’étais sûr d’être près avec ma caméra quand le moment arriverait. Naturellement, les choses ne se déroulent pas toujours comme on l’aurait espéré. Trois jours après, à environ 4 heure du matin, ma femelle serpent, que j’avais choisi d’appeler Mum, s’est sentie prête, et n’étant évidemment pas satisfaite de l’endroit que je lui avait fourni, a en quelque sorte réussi à forcer le couvercle de la boîte. Elle se glissa en dehors, et donc sur mon corps, vu que je dormais dans mon camion, pour donner naissance à pas moins de 28 bien-portants, humides et venimeux petits. Et ce fut avec une certaine perplexité que je fus réveillé, non pas par le bruit de petits pieds, mais plutôt par le glissement des petites écailles des petits reptiles explorant leur excitant nouveau monde. Inutile de le dire, jamais dans l’histoire du documentaire animalier, un véhicule ne fut aussi rapidement évacué, ce qui me rendit bien réveillé, à peine habillé, gelant dans la lueur de l’aube. […] En fait, cela a prit une heure à la lampe torche pour localiser environ la moitié des petits serpents, qui soufflaient et se gonflaient d’indignation parce que je tentais de les capturer. Ce ne fut en aucun cas la fin de l'affaire, car la semaine d’après, les petits serpents continuèrent d'apparaître, généralement aux moments les plus inopportuns : l’un dans une tasse dans laquelle j’allais faire du thé, l’autre sous mon coussin alors que j’y somnolais quelques minutes avant. Il y en a même un qui a rampé entre mes orteils nus alors que je conduisais, ce qui m’a fait frôler la crise cardiaque et dévier dangereusement de la route. Et je n’irai pas dans les détails à propos de celui calé confortablement dans un rouleau de papier-toilette, découvert lors d’une nuit noire, quand la pelle dans une main, le rouleau dans l’autre, j’allais répondre aux besoins de la nature ! Bien que déçu d’avoir manqué l’opportunité de filmer la naissance de ces petits serpents avec succès, ils m’ont par ailleurs fourni un divertissement nerveux, comme j’étais forcé à chaque instant de faire attention au fait que l’un d’entre-eux pourrait soudainement apparaître de nulle-part à n’importe quel moment" (18).

Crédits photos :

1 - Blair Hedges sur Wikipédia.

2 - Austin Stevens Adventure, saison 1 épisode 8.

3 - Gabri Mtnez sur Flickr.


11 – Record de taille n°1 : Le plus petit python du monde.

 

Lorsque que l’on entend le nom de "python", on pense en premier lieu à l’archétype du serpent géant, de plusieurs mètres, ingurgitant lentement des proies démesurées. Pourtant, de la même manière qu’il existe des requins de 17 centimètres et d’autres de 6 mètres, il peut tout à fait exister de petits pythonidés, ce dernier terme désignant donc une famille, regroupant des espèces fort différentes. Le python nain (Antaresia perthensis), d’Australie est le plus petit python du monde(19), avec une taille maximale de 70cm(20).

Crédit photo :

Aussie Reptiles sur Facebook.


12 – Record de taille n°2 : Le plus grand et gros serpent aveugle.

 

En évoquant les serpents aveugles, les typhlopidés, il est tout à fait normal de penser de prime abord aux minuscules serpents fouisseurs qui ne dépassent que rarement 20 centimètres, qui composent l’essentiel de cette famille. Mais comme il y a toujours une exception, la voici : le serpent aveugle de Schlegel (Afrotyphlops schlegelii), d’Afrique du Sud, atteint 1 mètre de long et 5 centimètres de diamètre(21), ce qui en fait un véritable colosse pour cette famille de serpent.

Crédits photos :

1 - Landi Michelle sur Pinterest.

2 - Arno Meintjes sur Flickr.


13 et 14 – Record de taille n°3 : Le plus petit et léger serpent du monde.

 

Des records longtemps inconnus car très difficile à vérifier étant donné la rareté de ces serpents et le manque de connaissances sur eux, l’on sait maintenant que jusqu’à preuve du contraire, le serpent-fil de l’île de Barbados (Tetracheilostoma carlae), dans les Caraïbes, déjà abordé précédemment, est le plus petit serpent du monde, avec une taille maximale de 10,4cm, et pour un poids de 6 milligrammes(22).

Crédit photo :

Nicolas Perrault sur Wikipédia.


15 – Record de jeûne :

 

Les chiffres présentés ici sont le fruit d’expériences évidemment fort discutables, et nos pensées vont naturellement pour les malheureux serpents sacrifiés pour la science lors de ces études. Néanmoins, leurs résultats permettent de saisir l’ampleur de la capacité de survie de ces animaux. Étant des êtres très économes en énergie, les serpents peuvent consacrer pleinement cette dernière à la recherche de proies ainsi qu’à la digestion, en plus de la reproduction. En cas d’absence prolongée de nourriture, ils peuvent s’immobiliser, et ne dépenser aucune énergie le temps de renflouer le frigo. Et cela peut en effet durer très longtemps :

 

Le record semble être détenu par un python réticulé qui survécu 36 mois (2 ans et demi avant de succomber), suivit de près par un python de Seba qui jeûna 1 an et 5 mois. Vient ensuite un serpent à sonnette sud-américain (Crotalus durissus) avec un jeûne d’1 an et deux mois(23). Le record du python réticulé a été égalisé par un anaconda vert et un autre python de Seba(24). Le record absolu serait un python africain (nous ne savons pas s’il s’agit d’un python de Seba ou d’un python des rochers, ces deux espèces n’étant pas séparées à l’époque) qui aurait jeûné pendant 3 ans, décrit par Pitman en 1974, mais il ne donne pas de détails.

Crédits photos :

1 - Jérôme Micheletta sur Flickr.

2 - D VB sur Pinterest.

3 - www.tropicalherping.com.

4 - Rodolfo Andrés Bapderrellis sur i0.wp.com.


16 – Le serpent ayant les plus grands hémipénis :

 

Les Prosymna, de petits colubridés fouisseurs africains, possèdent les plus grands hémipénis chez les serpents : ceux-ci sont extraordinairement longs, presque autant que la queue(25). Il existe même une espèce de ce genre, Prosymna ambigua bocagii, dont les hémipénis sont carrément plus longs que la queue(26). Nous n’avons rien trouvé à propos des femelles mais il semble logique que leur cloaque soit de taille analogue pour recevoir l’appareil génital des mâles.

Crédit photo :

Daren Riedle sur herpmapper.org.


17 et 18 - Records de latitude/longitude :

 

Le fer-de-lance à groin (Bothrops ammodytoides), est un crotale observable jusqu’en Patagonie(27), soit  47° Sud(28). Il mesure jusqu’à 1m, vit dans la pampa, les prairies et les dunes costales. Le serpent le plus nordique, lui, est notre petite vipère péliade : elle atteint le cercle polaire arctique en Scandinavie(29).

Crédits photos :

1 - José Aparicio sur ecoregistros.org.

2 - Personnelle.


19 – Le record d’apnée :

 

Pour ce record il faut naturellement se tourner vers les serpents-marins. Chez ces serpents, les plongées sont d’une moyenne de 30 minutes. Mais s’ils détectent un danger, ils sont capables de rester cachés au fond de l’eau pendant  très longtemps. Ce fut le cas d’une plongée chronométrée d’un serpent-marin à ventre jaune (Hydrophis platurus), qui passa… 4 heures à 50 mètres de profondeur avant de remonter respirer à la surface, ce qui est vraiment stupéfiant(30). Nous n’avons jamais vu mieux dans la littérature herpétologique, hormis un record de 6 heures mentionné par Doughton (année inconnue) et un autre de 8 heures (Vølsoe, 1939), mais ces deux auteurs ne précisent ni l'espèce ni leur méthode et nous préférons rester prudent devant de tels chiffres. Il faut garder à l’esprit que nous savons depuis Roger Seymour et Max Webster que les serpents-marins n’utilisent généralement que la moitié de leur réserve d’oxygène quand ils plongent(31).

Crédits photos :

1 - Auteur inconnu sur fishgame.com.

2 - Luis Silva sur Pinterest.


20 – Le venin de serpent le plus cher du monde :

 

S’il est déjà dangereux de collecter du venin de serpent, même en laboratoire, il est encore plus dangereux de collecter du venin de serpent marin. Ces serpents ne s’élevant pas en captivité (hormis de très rares exceptions), il faut également des capacités de plongeur pour aller le recueillir. Ajoutez à cela le fait que ces serpents soient parmi les plus venimeux du monde et vous obtenez le venin le plus cher sur le marché. En 1996, un catalogue de denrées médicales proposait par exemple du venin de serpent-marin à 17,15 dollars le milligramme. Cela fait donc… 17 millions de dollars le kilogramme de venin. Cependant, rassurons tout de suite les ambitieux : ce venin, il faut tout de suite le réfrigérer (transporter un contenant à l’azote liquide), il faut des connaissances accrues de ces serpents (compter leurs écailles pour la détermination spécifique), en prélever énormément, car un spécimen unique délivre peu de venin, et enfin, il y a une énorme différence entre le prix que payent les fournisseurs pour avoir le venin et le prix qu’ils le vendent… Comme le dit Harold Heatwole, "prélever du venin sur des serpents-marins n’est pas plus lucratif qu’une autre profession, juste plus dangereux"(32).

Crédit photo :

Philipp Figueroa sur Flickr.


21, 22, 23, 24 et 25– Les plus grands crochets à venin, la plus grosse dose de venin inoculable, mêmes records chez les serpents-marins, et le plus massif des serpents-marins.

 

Sans conteste, la vipère du Gabon, avec des crochets à venin d’une longueur maximale de 5 centimètres, est la meilleure dans le domaine(33). Ses énormes glandes à venin lui permettent de délivrer une dose maximale de 600mg(34), à quasi-égalité avec le cobra royal (Ophiophagus hannah) qui est à 500mg(35). Dans les océans, le serpent-marin ayant les plus longs crochets à venin est le serpent-marin de Stoke (Hydrophis stokesii), avec des crochets de 6,70mm. La plupart des serpents-marins ayant des crochets ne dépassant pas 2mm de long, ce serpent fait donc allure de molosse en comparaison. Ajoutez à cela le fait qu’il soit aussi le plus gros des serpents-marins (mais pas le plus long), qu’il délivre jusqu’à 31,30mg de venin en une morsure, la plus grosse quantité de venin chez ces serpents(36), et qu’il est plutôt agressif si provoqué, mord plusieurs fois son assaillant, cela en fait un serpent-marin plutôt dangereux qu’il vaut mieux toucher avec les yeux(37).

Crédits photos :

1 - Auteur inconnu sur animalspot.net.

2 - Craig Reynolds sur Pinterest.

3 - Damen Hurd sur the-worlds-deadliest.com.

4 - Auteur inconnu sur asian-snake-wine.com.

5 - Philipp Figueroa sur Flickr.

6 - YBS Youngbloods sur Youtube.


26, 27, 28 et 29 – Record de taille n°4 : Les records de gigantisme :

 

Il est unanimement admis que le plus grand serpent du monde est le python réticulé, pouvant atteindre 10 mètres de long, et qu’il est suivit de près par l’anaconda vert pouvant atteindre 9 mètres. Mais comme avec tous les faits sensationnels, il faut toujours raison garder et remonter à la source afin de vérifier. Le meilleur outil pour vérifier la véracité de ces chiffres est sans aucun doute la formidable étude de John Murphy et de Robert Henderson "Tales of Giant Snakes". Les deux chercheurs ont rassemblé tout ce qui existe comme sources sur la taille des serpents géants. Si l’on met de côté les super serpents, c’est-à-dire les serpents de plus 15 mètres avec les yeux qui brillent rapportés par les explorateurs des siècles précédents, et si l’on rejette également les données concernant des serpents qui n’ont pas été mesuré vivants (car un serpent mort voit ses muscles se détendre et peut prendre quelques mètres en plus), et si enfin l’on rejette les données basées sur des ouïe-dires, il en ressort des informations sûres. Parmi les 7 espèces de serpent considérés géants (pythons indien, python birman, (2 espèces proches), python des rochers, python de Seba, python réticulé, python de Kinghorn et anaconda vert), voici les plus grandes tailles correctement mesurées :

- Anaconda vert : un géant de 24 pieds (7,32m), a été mesuré par Fountain en 1904. Beaucoup des données supérieures à celle-ci sont basées sur des ouïes-dires, des estimations à vue d’œil ou sont invérifiables(38). Cependant, certaines données ne peuvent être écartées car collectées par des scientifiques renommés : un spécimen de 10,40m fut tué en Guyane britannique par Vincent Roth, directeur du Muséum National, Mole trouva un anaconda vert de 10 mètres en 1924, et le docteur Medem signale un anaconda de 10,26m tué dans le Guaviare(39).

- Pythons indien/birman (Python molurus/Python bivittatus) : maximum mesuré convenablement : 15 pieds (4,57m), par Minton en 1966. Toutes les autres données supérieures à celle-ci (comme celui de 5,79m tué par le Maharajah Cooch Behar) concernent des serpents qui ont été mesurés morts, tannés ou à vue d’œil(40). Mark O’Shea décrit les deux sous-espèces (maintenant espèces à part entière appelées communément "python molure" et "python indien") comme pouvant atteindre 7 mètres mais ne cite pas ses sources(41). Wikipédia mentionne 6 mètres mais ne cite également aucune source.

- Python réticulé : Raven mesura en 1946 un spécimen de 33 pieds, soit 10,06m(42).

- Pythons africains (Python sebae/P. natalensis) : en 1847, Duncan mesura un spécimen de 31 pieds soit 9,45m. Il mesura ce serpent juste après l’avoir tué d’une balle dans la nuque. Loveridge, herpétologue remarquable et en dehors de tout soupçon d’affabulation, rapporte une donnée concernant un python africain de 30 pieds soit 9,14m. Cette donnée vient d’une peau mesurée immédiatement après avoir été retirée du serpent que Loveridge décrit comme faisant pour sûr plus de 7 mètres(43).

- Python de Kinghorn : en 1963, Worrell note qu’un spécimen de 28 pieds (8,53m) fut tué en 1948 près de Cairns, Australie. Cette donnée est confirmée par l’herpétologue Cogger, et plus tard en 1991, l’herpétologue Richard Shine confirmera lui aussi cette taille comme tout à fait possible pour Simalia kinghorni(44).

 

Le record du plus grand serpent du monde, après vérification par les sources, semble bel et bien être le python réticulé. En revanche, certaines espèces considérées comme géantes, comme les pythons molures (indien et birman), doivent être revues à la baisse de manière certaine, et à l’inverse, l’anaconda atteindrait bien 10 mètres lui aussi.

 

Le plus grand serpent venimeux du monde, lui, est sans conteste le cobra royal (Ophiophagus hannah). Les chiffres donnant plus de 5 mètres en taille maximum sont unanimement repris et semblent ne faire aucun doute. Mark O’Shea mentionne 6 mètres(45), Harry W. Greene mentionne 5,50m, ainsi qu’un spécimen de 4,70m pesant 12kg(46), Chris Mattison mentionne 5 mètres(47), et Jean-Claude Rage confirme ces records en mentionnant "5 voire 6m, et peut dresser sa tête à 1,30m au dessus du sol"(48).

 

Le plus massif de tous les serpents venimeux est la précédemment citée vipère du Gabon (Bitis rhinoceros et Bitis gabonica) : avec une taille maximale de 2 mètres(49), elle atteint 15 centimètres de diamètre, pour un poids maximal de 10kg(50).

 

Le plus grand serpent-marin est l’Hydrophide spirale (Hydrophis spiralis), mentionné dans tous les livres d’herpétologie comme pouvant atteindre 2,75m. Ce record est enregistré par Smith (1926)(51) et est repris par l’ensemble des spécialistes des serpents-marins. Cependant, il se pourrait qu’il existe un géant parmi ces animaux, et il s’agit d’une espèce que personne n’aurait soupçonné de gigantisme : le Tricot rayé à lèvres jaunes (Laticauda colubrina). Cette espèce pourrait être de grande taille au moins dans certaines zones précises de sa très vaste aire de répartition. Punay, en 1975, mentionne des spécimens de 2 mètres aux Philippines(52), cependant, impossible de savoir si ce chiffre provient d’animaux vivants ou de peaux tannées. Toutefois, l’herpétologue Michael McCoy mentionne des spécimens de 2 mètres dans le lac Te-Ngano de l’île Rennell dans les îles Salomon(53). Mais il y a plus fort : l’herpétologue Harold Heatwole mentionne des "spécimens enregistrés à 3,60m"(54). L’auteur ne cite cependant pas sa source. Mon rêve le plus cher étant de me rendre dans cet endroit, je pourrai vérifier le fait par moi-même... un jour !

Crédits photos :

1 - Inconnu sur alchetron.com.

2 - Inconnu sur weather.com.

3 - Wolfgang K. sur localityretics.

4 - Caron Steele.

5 - Inconnu sur cairnspost.com.au.

6 - Larsa Darafeyenka sur kinghannah.files.wordpress.com.

7 - Inconnu sur thecreaturecodex.tumblr.com.

8 - Inconnu sur ourmarinespecies.com.

9 - OceanEurope sur Pinterest.


30 – Le plus rapide serpent du monde :

 

Aucun doute possible, le mamba noir (Dendroaspis polylepis), d'Afrique, est le serpent le plus rapide du monde en terme de vitesse de déplacement. Cependant, les chiffres varient selon les sources. Parlons déjà de sa taille, Jean-Claude Rage le cite à 4,50m(55) Mark O’Shea le mentionne à 3,50m et le décrit comme le plus rapide serpent du monde sans toutefois donner de chiffres(56), Chris Mattison le mentionne à 4 mètres, et mentionne que le mamba vert (sans préciser lequel des trois) a été chronométré à 11km/h(57), mais il y a de fortes chances qu’il y ait une erreur et que Mattison voulait parler lui aussi du mamba noir, car aucune autre source ne mentionne les mambas verts comme les serpents les plus rapides du monde. Harry W. Greene mentionne le mamba noir à 3 mètres et également à 11km/h sur de courtes distances(58). Un livre des éditions Atlas nous dit "La vitesse maximale du mamba noir serait de 17km/h. Mais un naturaliste affirme en avoir chronométré un qui faisait du 32 km/h..."(59). Il faut bien sûr prendre ces derniers chiffres avec une extrême prudence car le livre ne cite aucune source et s’adresse à un public jeune. Il reste néanmoins que ce serpent est probablement le plus rapide du monde. Cependant, il n’existe quasiment aucune étude à grande échelle sur le sujet et il est serait intéressant de chronométrer certains élapidés diurnes et sveltes comme les Demansia et les Pseudonaja australiens.

Crédits photos :

1 - Inconnu sur naturalb3auty.blogspot.com.

2 - Josh Gayan.


31 et 32 – Records de poids lourds :

 

De manière générale, il est incontestable que le plus lourd serpent du monde est l’anaconda vert. Cependant, des pythons géants atteignent parfois des poids totalement invraisemblables, et il semble que le record en la matière n’ait même jamais été atteint par un anaconda : en 1974, Davis rapporte les mensurations d’un python réticulé maintenu dans un zoo de l’Indiana, pesant 303kg et mesurant 10 mètres. Si ce record est avéré, il est évident qu’il s’agit du plus lourd serpent que la terre ait porté à l’époque contemporaine. Cependant, ce record est difficile à croire tant il est étonnant. De manière plus sûre, Colossus, un célèbre python réticulé d’origine malaise élevé au zoo de Pittsburgh, mesurait plus de 8 mètres et pesait 145kg à sa mort(60). Du côté anaconda, un spécimen de 102kg a un jour été capturé et amené au parc animalier de Montsinéry en Guyane française(61). Mark O’Shea mentionne des spécimen de 105 à 107kg(62). Wikipédia mentionne l’espèce à 200kg, sans toutefois donner aucune source. Henderson et Murphy mentionnent le poids maximum à 135kg(63).

 

Du côté des serpents venimeux, il semblerait que le crotale diamantin de l’est (Crotalus adamanteus) soit le plus lourd : Klauber, en 1971, cité par Campbell et Lamar, parle de cette espèce en ces termes "Le Crotalus adamanteus adulte est un animal réellement formidable, approchant ou dépassant 250cm en taille et atteignant 30 livres (13,6kg)"(64). Cela dit, les données manquent et il est probable qu’un cobra royal dépassant 5 mètres puisse aisément dépasser ce poids.

Crédits photos :

1 - Inconnu sur awesomejelly.com.

2 - Mariluna sur Wikipédia.

 

3 et 4 - Inconnu sur vistapointe.net.


33 – Record de zone d’activité :

 

Chez les serpents, on ne parle pas de territoire, car hormis en période de reproduction où les mâles se livrent à des combats rituels dus à la concurrence sexuelle, ils ne "protègent" pas de terrain de chasse mais sont au contraire très sociables. Il arrive fréquemment que des espèces différentes hivernent ensemble, par exemple. L’on parle plus justement de zone d’activité ou de domaine vital, c’est à dire d’une aire où le serpent va chasser, se reposer, thermoréguler, se reproduire, hiverner, somme toute vivre sa vie de serpent. Souvent, ces zones sont assez restreintes, surtout chez les espèces trapues chassant en embuscade comme les vipères. Cela va généralement de quelques dizaines de mètres carrés à quelques hectares, pour le peu d’espèces qui ont été étudiées à ce niveau. Mais un jour, une étude réalisée sur les crotales cornus américains (Crotalus cerastes) a démontré qu’ils avaient une zone d’activité moyenne de… 23,2 hectares. Il s’agit d’un record absolu(65). Cependant, l’on peut trouver d’autres chiffres, comme celui de 345 000m² (soit plus de 34 hectares) mais l’auteur ne cite pas l’espèce concernée(66).

Crédits photos :

1 - Michael Ray sur deviantart.com.

2 - David Nixon.


34 – Record de longévité :

 

Il semblerait que le record absolu soit détenu par un python royal (Python regius), ayant vécu jusqu’à l’âge de 48 ans, en captivité, au zoo de Philadelphie(67).

Crédit photo :

Isabelle Hunt Conant.


35 – Records de répartition :

 

Le serpent le plus largement distribué sur la planète est un  minuscule serpent aveugle de la famille des typhlopidés : le serpent aveugle de Bramini (Indotyphlops braminus) également appelé serpent des pots de fleurs, ne dépassant pas 13cm. Originaire de l’Inde où il y fut découvert il y a presque 90 ans (Burt et Burt, 1932), il a conquis l’Amérique du Nord, Centrale et du Sud, y compris les Caraïbes, l’Europe (plus précisément l’Espagne), l’Afrique (y compris Madagascar), le moyen-orient (Arabie-Saoudite, Iran), l’Asie via la Chine, l’Indonésie et l’Australasie (y compris la Nouvelle-Guinée, et les îles Salomon)(68). Cependant, sa très vaste aire de répartition n’est pas vraiment naturelle puisque largement aidée de la mondialisation : ce serpent détenant également le record d’être l’unique serpent exclusivement* parthénogénétique au monde (tous les spécimens sont des femelles et pondent toutes des œufs viables une fois la taille adéquate atteinte)(69), il est très facile pour lui de voyager dans des cargaisons d’arbres et de plantes, caché dans le substrat, et de coloniser de nouveaux-territoires. Si l’on met ce petit tricheur de côté, reste le serpent-marin à ventre jaune (Hydrophis platurus), unique serpent-marin pélagique, c’est-à-dire qu’il vit plutôt en pleine mer, dans une aire de répartition absolument gigantesque : de la côte est africaine, en passant par le Golfe Persique, il traverse tout l’Océan Indien, la Mer de Chine, l’Océanie, traverse tout le Pacifique (Mélanésie, Micronésie et Polynésie) pour se retrouver sur la côte ouest nord-américaine(70). Enfin, en troisième place, vient la vipère péliade (Vipera berus), qui détient déjà le record du serpent le plus nordique : à partir de la Bretagne, elle traverse toute l’Europe (Italie, Russie, Balkans, Kazakhstan, Mongolie) pour arriver en Asie, jusqu’à l’île de Sakhaline, à l’Est de la Sibérie, où elle est une sous-espèce endémique.

 

* Je dis exclusivement, car Batistic, en 1999, découvre qu’un crotale sud-américain (Bothrops moojeni), est parfois parthénogénétique lui aussi(71). De plus, en 2003, un python molure a pondu via parthénogénèse dans le zoo d’Amsterdam(72).

Crédits photos :

1 - Tyrone Ping.

2 - Capture d'écran sur Inaturalist.

3 - Alex Figueroa sur biosch.hku.hk.

4 - Wikipédia.

5 - Personnelle.

6 - vipera.fr.


36 – Le serpent le plus venimeux du monde :

 

Voilà un sujet qui fait couler de l’encre. Il a longtemps été affirmé que le plus venimeux serpent du monde était le taïpan à tête noire (Oxyuranus microlepidotus), d’Australie. Ensuite, d’autres ont pensé que certains serpents-marins possédaient un venin encore plus virulent. Par convention, l’on évalue la virulence d’un venin avec ce que l’on appelle la DL50 (Dose létale médiane 50mg/kg). Il existe plusieurs DL50 d’un même venin suivant le type d’injection/morsure (sous-cutanée, intramusculaire, intraveineuse etc), pour cet article nous utiliserons la donnée la plus couramment utilisée, c’est-à-dire la DL50 mg/kg en sous-cutanée. C’est la dose de venin qu’il faut pour tuer 50% d’un lot d’animaux (le plus souvent des souris) à qui on a inoculé le venin, et elle s’exprime en milligrammes injectés par kilogrammes d’animaux. Plus ce chiffre est bas, plus le venin est puissant. Par exemple, la DL50 de l’Aipysure de Dubois (Aipysurus duboisii), un serpent-marin, est de 0,04, cela signifie qu’il faut seulement 0,04mg de son venin pour tuer 50% des souris envenimées(73). Pour savoir quel est le serpent au venin le plus virulent, il suffit de chercher quelle est la DL50 la plus basse. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’un venin de serpent est une mixture extrêmement complexe, dont l’effet peut varier du tout au tout suivant différents facteurs : un même venin peut-être efficace sur une souris et être inoffensif sur un lézard. La notion de DL50 donne un aperçu de la dangerosité d’un venin sur l’homme mais elle ne la reflète pas avec certitude. Il faut aussi se garder de qualifier systématiquement de "dangereux" un serpent uniquement parce qu’il possède un venin puissant : un tricot rayé bleu (Laticauda laticaudata) possède un venin extrêmement puissant : d’une DL50 de 0,17mg/kg(74), soit bien plus venimeux que le cobra égyptien (Naja haje) qui possède une DL50 de 4mg/kg(75), mais le tricot rayé est d’un tempérament tellement pacifique qu’il est quasiment impossible de se faire mordre sans le vouloir. Le cobra égyptien, à l’inverse, est moins venimeux mais d’un caractère extrêmement irascible et agressif et est donc bien plus dangereux. Enfin, la dose maximale de venin injecté est également à prendre en compte, car un venin peut-être d’une virulence moyenne mais être injecté en une si grosse quantité qu’il en devient extrêmement dangereux, de même qu’un venin peut être très puissant mais injecté en si petite quantité qu’il en devient non létal : ainsi, la vipère du Gabon possède une DL50 de 5mg/kg en sous-cutané(76), ce qui est peu puissant comparé à d’autres venins vus plus haut, mais elle possède de si grosses glandes à venin qu’une dose maximale peut tuer plus de 6 personnes(77); et un serpent-marin à ventre jaune (Hydrophis platurus), qui possède un venin bien plus puissant (DL50 de 0,28mg/kg) l’injecte en si petite quantité qu’une dose maximale suffit à peine à tuer 1 personne(78). De la même manière qu’avaler 50 litres d’eau vous tuera certainement, alors qu’avaler une goutte d’huile de vidange non, pourtant la dernière est plus nocive que la première. L’on voit souvent sur internet que l’Hydrophide de Belcher (Hydrophis belcheri) serait LE serpent le plus venimeux du monde. Voyons donc les DL50 en sous-cutané les plus basses : avec une DL50 de 0,01 mg/kg, le taïpan à tête noire (Oxyuranus microlepidotus) est sans conteste le plus venimeux serpent du monde(79). Une morsure moyenne de ce serpent a la capacité de tuer 220 000 souris, soit 62 personnes(80). Viennent ensuite le serpent brun de l’est (Pseudonaja textilis) d’une DL50 de 0,041 mg/kg, à égalité avec l’Aipysure de Dubois (Aipysurus duboisii), avec sa DL50 de 0,04mg/kg. L’Hydrophide de Belcher, souvent cité ici et là comme le plus venimeux serpent du monde, est loin derrière avec sa DL50 de… 0,25 mg/kg en intra-musculaire(81). Le Taïpan à tête noire est bien le serpent le plus venimeux du monde, au moins en morsure sous-cutanée. Il est donc faux d’affirmer que les serpents-marins sont plus venimeux que les plus venimeux des serpents terrestres. En fait, tout est dans les détails : certaines espèces marines précises ont un venin plus puissant que certaines espèces terrestres déjà très venimeuses, mais aucun serpent marin ne dépasse en toxicité le venin du Taïpan à tête noire.

Crédits photos :

1 - Brendan Schembri sur Flickr.

2 - Inconnu sur news-medical.net.

3 - Rick Stuart-Smith sur xray-mag.com.

4 - S.P Mackessy.

5 - Daniel Spohn sur fotocommunity.de.

6 - Rasmussen AR, Murphy JC, Ompi M, Gibbons JW, Uetz P. sur wikidata.org.

7 - Matt Summerville sur Flickr.


37 - Le serpent en plus grosse densité sur la planète :

 

Pour les phobiques des serpents, il y a cinq endroits à éviter (en plus de ma bibliothèque) :

 

1 - L’île de Queimada Grande, au large du Brésil, dont nous avions déjà parlé dans notre précédent article sur les serpents les plus rares du monde. Cette île, de 430m², abrite un serpent endémique : le fer-de-lance doré (Bothrops insularis), plus venimeux serpent d’Amérique du Sud. Mesurant jusqu’à 1,30m, doté d’un venin 3 à 5 fois plus puissant que le plus venimeux serpent du continent, ils sont estimés à 5000 individus sur l’île, et l’herpétologue Mark O’Shea, lors d’une mission, y a rencontré 16 spécimens en une heure(82). L’île est connue pour posséder l’une des plus haute densité de serpent de la planète, voyons ce qu’en dit Eveleigh, en 2000, à propos de cette île et des croyances qu’elle fait naître :

"Une île déserte où le sol de la forêt grouille de vipères venimeuses. Un pêcheur retrouvé mort sur son bateau, le pont inondé de son sang. Un gardien de phare et sa famille massacrés lors d'une invasion nocturne par des serpents de leur chalet isolé ... Effrayantes par nature, et transmises de pêcheurs, de père en fils, les histoires perpétuent les mythes entourant les rives interdites de l'île aux serpents au Brésil ... Là, une espèce unique de vipère fer-de-lance, armée d'un venin super puissant et que l'on ne trouve que sur l'île, est le roi de la jungle... L'île abrite le serpent le plus venimeux du monde (nda : nous avons vu que cela était faux), m'ont dit certains habitants, et il y en a cinq à chaque mètre carré. Vous devez sauter, sauter et sauter par-dessus leurs têtes qui claquent pour éviter d'être mordu"(83).

 

5 par mètre carré, disent les locaux, mais cela impliquerait que l’île fasse elle-même 5000m², vu qu’il y a 5000 individus sur l’île. Campbell et Lamar mentionnent sa densité comme "très élevée"(84), sans toutefois donner de chiffre. Une étude datant de 2008 précise que bien que la densité de ce serpent soit très élevée, elle est loin d’être la plus haute pour un serpent insulaire, atteignant 55 serpents par hectare(85).

 

2 - L’Île de Shedao, en Chine, abrite un crotale endémique : Gloydius shedaoensis, présent à 14 600 serpents sur 73 hectares, soit 200 serpents par hectare, parfois 1 serpent au mètre carré(86).

 

3 – L’Île Carnac, en Australie occidentale, abrite depuis 1903 (selon certaines sources, 1920) une population de serpents tigres (Notechis scutatus occidentalis), qui aurait été relâchée par un certain Rocky Vane, montreur de serpents, suite à des morsures tragiques survenues sur sa femme et peut-être d’autres personnes. L’autre hypothèse veut que les serpents soient arrivés à la nage sur cette île en provenance d’une autre très proche, Garden Island. L’île Carnac, de 0,19km², abrite environ 400 serpents-tigres(87), et il y en a jusqu’à 3 pour 25 mètres carrés(88).

 

4 – Une fois par an, au début du printemps, les serpents-jarretières des régions froides (Canada, nord des U.S.A) (Thamnophis sirtalis) sortent d’hivernage pour la reproduction. Les mâles, par dizaines de milliers, sortent les premiers, et les timides femelles sont ciblées par leur comportement reproducteur. Les mâles, pour augmenter leurs chances de pérenniser leurs gênes, ont développé plusieurs tactiques qui méritent d’être soulignées. Certains mâles, après avoir réussi à s’accoupler, voient leurs sécrétions cloacales introduite dans la femelle se transformer en bouchon, et ainsi découragent les autres concurrents. D’autres, imitent l’odeur des femelles après s’être accouplés pour duper les autres(89), mais je développerai ceci plus en détail dans un futur article sur les comportements hors du commun des serpents. Je n’ai pas trouvé de chiffres sur le nombre de serpent au mètre carré, mais il suffit de voir n’importe quelle photo ou vidéo de cet événement pour réaliser que la densité de serpent est la plus élevée vue jusqu’ici, bien qu’elle soit géolocalisée et temporaire.

 

5 - les rassemblements de serpents-marins. Il a été signalé un rassemblement de serpents-marins d’une longueur de 100km sur 3 mètres de large(90). Ce rassemblement est souvent cité mais la source originale est largement oubliée : il s’agit d’un rapport de 1932 d’un certain Willoughby Lowe, mentionnant une agrégation de serpents-marins de Stokes (Hydrophis stokesii) de 100km de long, dans le détroit de Malacca, observés depuis un bateau(91). Cela fait littéralement des millions de serpents. Il n’existe aucune photo de cet événement incroyable. D'autres espèces de serpents-marins ont déjà été observées en de telles agrégations, mais nous en parlons plus en détail dans notre article sur les comportements hors-du-commun chez les serpents.

 

La plus grande densité (à l’année) de serpents au monde est donc certainement celle de l’île Shedao, en Chine. 1 serpent par mètre carré, ce n’est atteint nulle-part ailleurs.

Crédits photos :

1 - Rodrigo Jardim sur Inaturalist.

2 - UC Berkeley sur Pinterest.

3 - Maria Rosa sur Pinterest.

4 - cbc.ca sur dailymail.co.uk.


38 – Le serpent possédant la meilleure vision :

 

Les serpents possédant la meilleure acuité visuelle sont sans doute les espèces du genre Ahaetulla, en Asie. Ces grandes couleuvres arboricoles possèdent des yeux uniques chez les serpents : la pupille est horizontale. De plus, leur crâne est long et effilé, pour laisser le plus d’espace possible au champ de vision. Ainsi, ils possèdent 135° de champ visuel à chaque œil, et de 45° en vision binoculaire, ce qui leur permet de chasser à vue les lézards les mieux camouflés(92).

Crédits photos :

1 - Melvyn Yeo sur deviantart.com.

2 - Daicus M. Belabut sur mybis.gov.my.

3 - Roland Platel et al. ; Les serpents, Bordas, 1994, p 58. Mais pris sur passion-reptiles.forumactif.com.


39, 40, 41 – Les records de prédation :

 

1 – Le record de nombre de proies contenues dans le même estomac de serpent :

Pour cela, il faut se tourner vers les serpents aveugles. Ces serpents se nourrissent de fourmis et de leurs larves, parfois de termites. Une espèce australienne, Ramphotyphlops nigrescens, disséquée, avait un estomac contenant 1431 larves et chrysalides d’une seule espèce de fourmis(93). Je n’ai pas lu de mention plus haute que celle-ci dans la littérature herpétologique.

 

2 – Le record de la taille d’une proie proportionnellement à la masse du serpent :

Un jour, un Fer-de-Lance (Bothrops atrox) a avalé un petit lézard du genre Cnemidophorus, qui faisait 156% de la masse de son prédateur(94). C’est comme si un homme de 70kg ingurgitait 109kg de nourriture.

 

3 – La plus grosse proie ingurgitée par un serpent :

Pour cela, il faut naturellement aller chercher du côté des serpents géants. Dans l’étude précédemment citée "Tales of Giants Snakes" d’Henderson et Murphy, plusieurs cas sont cités. Il est difficile d’évaluer la taille même des proies mentionnées c’est pourquoi je me contenterai de les énoncer sans classement hiérarchique. Nous savons qu’un serpent peut avaler une proie d’au moins 95 % de son propre poids. Si un anaconda peut peser 135kg, il peut donc aisément avaler une proie de 56kg. Il faut garder à l’esprit qu’ingurgiter une proie excessivement grosse pour un serpent l’expose au risque de se faire dévorer lui-même car les longues ingurgitation puis digestion l’immobiliseront très longtemps à la vue de ses prédateurs. Il arrive parfois que les serpents géants aient les yeux plus gros que le ventre, et en se rendant compte qu’ils ne pourront pas l’ingurgiter, abandonnent leur proie au cours du processus.

 

Pope, en 1961, nous dit "A peu près toute créature pesant moins de 125 livres (nda : 56kg) est une victime potentielle, malgré les cornes, armures et épines…"(95).

 

Anaconda : la plus grosse proie ingurgitée par un anaconda semble être un cheval. Le cas est rapporté par Gardner en 1849 : l’homme était avec des éleveurs brésiliens, lorsqu’ils se rendirent compte que leur cheval préféré avait disparu. Ils retrouvèrent un anaconda mort, noyé, l’estomac surdimensionné, le serpent s’était fait surprendre par une crue et n’avait pas pu s’échapper. Ils traînèrent l’animal hors de sa cachette et le mesurèrent à 11 mètres, ce qui n’est pas si improbable que ça pour un serpent mort dont la peau et les muscles se sont considérablement distendus. Ses entrailles contenaient les os et la viande du cheval partiellement digérés(96). Si cette histoire est vraie, il s’agit probablement de la plus grosse proie ingurgitée par un serpent. En 1984, Lopez mentionne un anaconda de taille non précisée, mais supposée dans les 6 mètres, ayant ingurgité un veau(97).

 

Python molure (indien ou birman) : le 19 décembre 1906, un python molure de semble-t’il 5 mètres, était léthargique, dans la forêt de Tondoo. Couvert de griffures, le corps du serpent contenait un léopard d’1,28 mètres du museau à la base de la queue(98). Les natifs de la Péninsule Malaise affirment que les pythons géants (réticulés et pythons indiens) peuvent s’attaquer à des rhinocéros (Skeat, 1900). Il est bien sûr impossible pour un python, même de 10 mètres, de s’attaquer à une armure d’une tonne, mais les jeunes rhinocéros de Sumatra, pesant dans les 35kg, sont des proies probables. Le 3 novembre 1952, un journal sri-lankais rapporte le cas d’un python indien, tué par les villageois, s’étant attaqué à un bébé éléphant (Derniyagala, 1955). Les bébés éléphants pesant dans les 90kg à la naissance, il n’est pas impossible que ce genre de cas hors du commun (également rapporté par Oliver en 1958) puissent arriver(99). Notons que les pythons molures, invasifs dans le marais des Everglades en Floride, s’attaquent parfois aux alligators.

 

Python réticulé : en 1917, Shelford rapporte que sur l’île de Bornéo, un python réticulé s’était attaqué à un énorme cochon. Le serpent semblait au bord de l’explosion, sa peau était distendue à un point proche de la déchirure, où l’on pouvait voir les poils du porc à travers(100). Frank Buck rapporte deux cas : l’un en 1935 et l’autre en 1939, où un python réticulé avait attaqué un léopard. L’homme espérait filmer la scène et organisa une battue pour trouver les protagonistes. Il mentionne le combat épique entre les deux forces de la nature, le python ayant saisit le léopard au cou et s’étant enroulé autour. Le léopard succomba en 4 minutes. Il ne précise pas par ailleurs si le python a avalé le léopard. En 1932, le même auteur présente une photographie d’un python réticulé enroulé autour d’un tigre, mais nous n’avons pas trouvé cette photo(101). Les autres cas semblent êtres des affabulations ou des histoires déformées. Je me dois enfin de vous conter l’histoire incroyable rapportée par Gabriella Fredriksson en 2005 : à l’est de Bornéo, en 1999 un python réticulé de 7 mètres a avalé une femelle ours à collier de 23kg. L'ourse possédait un collier radio-émetteur, qui transmettait ses pulsations cardiaques toutes les 10 minutes. Un après-midi de juillet, elle était localisée et en bonne santé. Le lendemain matin, elle fut localisée à 550 mètres du lieu où elle était la veille, et montrait une immobilité de plus de 4 heures, ce qui laissait présager une mort ou la chute du collier. L'antenne a mené le chercheur dans un marais, jusqu'à ce qu'il se rende compte que le signal venait de l'estomac d'un formidable python réticulé de la taille précitée. La femelle présentait des traces de sévères morsures au visage, ce qui laisse supposer que le python l'a attaqué pendant qu'elle dormait, ce qui l'a empêché de se défendre avec ses puissantes canines(102).

 

Python de Seba/des rochers : en 1921, en Zambie, un python des rochers a avalé 6 petites chèvres, de races probablement naines (Haacke, 1981). En 1992, Haagner rapporte le cas d’une femelle python des rochers de 4,70m et de 37kg ayant avalé un impala subadulte de 35kg (soit 94,6 % de son propre poids). Une photographie de 1953, retrouvée en 1985 montre un python de Seba en train d’avaler un veau de 43kg. Enfin, Spawls et Branch, en 1995, affirment que les pythons géants africains peuvent tout à fait avaler des antilopes avoisinant les 59kg(103).

Crédits photos :

1 - Oceanwidelmages.com.

2 - Photographie faite par Mike Rol.

3 - Daicus M. Belabut sur mybis.gov.my.

4 - Youtube.

5 -Très vieille photo, auteur inconnu, prise sur Flickr.

6 - Inconnu sur board.postjung.com.

7 - Inconnu sur planetanimalzone.blogspot.com.


42 : La morsure de serpent la plus rapide au monde :

 

Depuis de nombreuses années, les serpents à sonnettes (genre Crotalus), ont été largement cités comme possédant l’attaque par morsure la plus rapide au monde. Une récente étude (Penning et al., 2016) tend à confirmer cette thèse. Seulement, les chercheurs ont tout de même mesuré la vitesse d’attaque d’un serpent non-venimeux [un serpent-ratier du Texas (Pantherophis obsoletus)] en plus des deux crotales utilisés pour l’étude [un Mocassin d’eau (Agkistrodon piscivorus) dont nous avons déjà parlé dans notre article sur les régimes alimentaires hors-du-commun chez les serpents  et un Crotale diamantin de l’ouest (Crotalus atrox), la star des western]. En filmant les attaques avec une caméra très haute vitesse, les résultats obtenus sont les suivant : 2,98 mètres/seconde pour le mocassin d’eau, 2,95m/s pour le crotale diamantin, et enfin 2,65m/s pour le serpent-ratier. Techniquement, le mocassin d’eau est donc le serpent le plus rapide en vitesse d’attaque dans cette étude. Mais selon les chercheurs, la différence entre les trois résultats est si ténue que l’on peut les qualifier de quasiment égaux. Les chercheurs soulignent également que trop peu de mesures de ce genre ont été réalisées chez les serpents, en particulier pour les serpents non-venimeux. Il ressort de ce papier que même une "simple" couleuvre diurne peut quasiment égaler un crotale en vitesse de frappe. L’équipe scientifique a également noté que l’accélération moyenne subite par la tête des trois espèces étudiées atteignait en moyenne 190m/s au moment de l’attaque, ce qui est bien plus que ce que subit la boîte crânienne d’un pilote de chasse. Enfin, les proies de ces serpents (en majorité des micro-mammifères) réagissent par la fuite en 14 à 151 millisecondes. En ayant à l’esprit qu’un clignement d’œil humain n’est que de "seulement" 220 millisecondes, il est aisé de réaliser la vitesse proprement démentielle dont ces reptiles peuvent faire preuve. Il est quasiment certain que plus les proies sont rapides à fuir, plus les serpents qui les chassent seront rapides à les frapper(104).

Crédits photos :

1 - Isaiah Lieberenz sur Flickr.

2 - Inconnu sur wildherps.com.

3 - Inconnu sur reptilefact.com.


Conclusion :

 

Nous espérons que les faits exceptionnels et souvent méconnus de cet article en feront oublier sa longueur, et que le lecteur, comme pour les précédents articles, en aura tiré un plus grand intérêt pour ces animaux merveilleux qui obsèdent votre serviteur jour et nuit. Nous tenons à répéter ici la note mentionnée en introduction : n’étant pas scientifique, mes sources se limitent aux livres, ainsi qu'aux rares publications en accès libre sur internet, et il est probable que certains records aient été battus sans que je ne puisse avoir accès à la source originale, ou tout simplement que je sois passé à côté d’une information en accès libre. Dans tous les cas, les faits présentés dans cet article sont tirés de livres d’herpétologie renommés, écrits par des herpétologues professionnels, qui s’ils mentionnent un fait difficilement vérifiable, feront systématiquement preuve de prudence en précisant la nature incertaine ou invérifiable du fait en question, prudence que j’ai naturellement appliqué pour cet article, quitte à infirmer possiblement certaines assertions courantes. Après une liste de faits comme ceux présentés ici, la diversité de ces animaux incroyables apparaît encore plus flagrante : le plus petit serpent du monde mesure 10 cm et le plus grand 10 mètres, un serpent ne se reproduit qu’une fois tous les 10 ans, ou pond un seul et unique œuf quand un autre peut mettre bas 157 petits en une portée, certains vivent à 5000 mètres d’altitude quand d’autres plongent à 50 mètres de fond pendant 4 heures… Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’ont pas finit de vous étonner, car dans un prochain article, qui traitera des comportements étranges et uniques chez les ophidiens, je vous parlerai de serpents qui volent, qui perdent leur queue ou qui crachent du sang.

 

Cet article vous a plus ? Dites-le moi en commentaire !

 

Guillaume Tessereau, 10/02/2021.


Sources :

 

1 : Robert B. Stuebing, Robert F. Inger, Björn Lardner, A Field Guide to the Snakes of Borneo, Natural History Publications, 2014, p 276.

2 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, pp 115, 119, 120, 121.

3 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 269.

4 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, pp 262, 263.

5 : Patrick David et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 208.

6 : Mark O’Shea, A Guide to the Snakes of Papua New Guinea, (auto édition), 1996, p 188.

7 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 145.

8 : Bryan Fry et al. ; Molecular evidence that the deadliest sea snake Enhydrina schistosa (Elapidae: Hydrophiinae) consists of two convergent species, Molecular Phylogenetics and Evolution, volume 66, 2013, pp 262-269.

9 : Ibidem p 34.

10 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, pp 82.

11 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, p 137.

12 : Ibidem p 21.

13 : Ibidem p 92.

14 : Ibidem p 131.

15 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 1, p 240.

16 : Hedges, S. Blair (August 4, 2008). "At the lower size limit in snakes: two new species of threadsnakes (Squamata: Leptotyphlopidae: Leptotyphlops) from the Lesser Antilles".

17 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 153.

18 : Austin Stevens, Snakemaster, Skyhorse Publishing, 2014, pp 116, 117. Traduit de l'anglais par mes soins.

19 : Ibidem p 208.

20 : Mark O’Sha, Boas and Pythons of the World, New Holland, 2011, p 119.

21 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, pp 142, 144 145.

22 : Hedges, S. Blair (August 4, 2008). "At the lower size limit in snakes: two new species of threadsnakes (Squamata: Leptotyphlopidae: Leptotyphlops) from the Lesser Antilles".

23 : Roland Bauchot et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 121.

24 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p 98, 99.

25 : Yannick Vasse et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 102.

26 : Charles Myers, Samuel B. Mcdowell, New Taxa and Cryptic Species of Neotropical Snakes (Xenodontinae), with Commentary on Hemipenes as Generic and Specific Characters, Bulletin of the American Museum of Natural History, 2014.

27 : Roland Bauchot et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 137.

28 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, p 247.

29 : Roland Bauchot et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 42.

30 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 41.

31 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 83.

32 : Ibidem p 111.

33 : Spawls, Branch, The Dangerous Snakes of Africa. Ralph Curtis Books. Dubai, Oriental Press, 1995.

34 : Ibidem.

35 : Tableau de Séan Thomas & Eugene Griessel (archive)

36 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 115.

37 : Ibidem p 115.

38 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p 45.

39 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 21.

40 : Ibidem p 47.

41 : Mark O’Shea, Boas and Pythons of the World, New Holland, 2011, pp 82, 83, 84, 85.

42 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p 50.

43 : Ibidem p 53, 54, 55.

44 : Ibidem p 37.

45 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 96.

46 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, p 219.

47 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 257.

48 : Jean-Claude Rage et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 41.

49 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 85.

50 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, p 251.

51 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 239.

52 : Ibidem p 75.

53 : Michael McCoy, Reptiles of the Salomon Islands, Pensoft Publishers, 2006, p 115.

54 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 32.

55 : Jean-Claude Rage et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 41.

56 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, pp 68, 78, 79.

57 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, pp 41, 256.

58 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, pp 40, 220.

59 : Atlas Nature, Ces étranges animaux venus de la préhistoire, Atlas, 2003, p 20.

60 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p 49.

61 : Fausto Starace, Guide des serpents et amphisbènes de Guyane française, Ibis Rouge, 1998, p 12.

62 : Mark O’Shea, Boas and Pythons of the World, New Holland, 2011, p 55.

63 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 2, p 482.

64 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p 87.

65 : Ibidem p 504.

66 : Patrick David, Guy Naulleau, Yannick Vasse et al., Les serpents, Bordas, 1994, p 148.

67 : https://web.archive.org/web/20190801080654/http://chicagoherp.org/bulletin/28(4).pdf

68 : Michael McCoy, Reptiles of the Salomon Islands, Pensoft Publishers, 2006, p 98.

69 : Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Delachaux et Niestlé, 2008, p 92.

70 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 17.

71 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 1, p 354.

72 : Groot TVM, Bruins E, Breeuwer JAJ 2003. Molecular genetic evidence for parthenogenesis in the Burmese python, Python molurus bivittatus. Heredity 90 : 130-135. Cité dans : André Koch, Discovery, Diversity, and Distribution of the Amphibians and Reptiles of Sulawesi and its Offshore Islands, Edition Chimaira, 2012, p 292.

73 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 115.

74 : Ibidem.

75 : http://snakedb.org/pages/ld50.php

76 : Ibidem.

77 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 119.

78 : Ibidem pp 115, 119.

79 : http://snakedb.org/pages/ld50.php

80 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, p 117.

81 : Nobuo Tamiya et H. Puffer, Toxicon, Volume 12, Issue 1, January 1974, pp 85, 87.

82 : Mark O’Shea, Venomous snakes of the World, Princeton University Press, 2011, pp 38, 39.

83 : Jonathan A. Campbell, William W. Lamar, The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere, Comstock Publishing Associates, 2004, volume 1, p 389. Citation traduite de l'anglais par mes soins.

84 : Ibidem p 389.

85 : Marcio Martins et al., A first estimate of the population size of the critically endangered lancehead, Bothrops insularis, South American Journal of Herpetology, 2008, p 172.

86 : Ibidem.

87 : Xavier Bonnet, Mordu de Serpents, éditions Scali, 20007, p 80.

88 : watoday.com

89 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, p 128.

90 : Ivan Ineich, Pierre Laboute, Les serpents-marins de Nouvelles Calédonie, IRD Éditions, 2002, p 29.

91 : Harold Heatwole, Sea Snakes, Australian Natural History Series, 1999, p 41.

92 : Roland Platel et al. ; Les serpents, Bordas, 1994, p 58.

93 : Harry W. Greene, Snakes – The Evolution of Mystery in Nature, University of California Press, 1997, p 149.

94 : Ibidem p 261.

95 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, p 87. Citation traduite de l'anglais par mes soins.

96 : Ibidem p 88.

97 : Ibidem.

98 : Ibidem p 90.

99 : Ibidem.

100 : ibidem p 91.

101 : Ibidem p 91.

102 : Gabriella Fredriksson, Predation on sun bears by reticulated python in east Kalimantan, indonesian Borneo, The Raffles bulletin of Zoology, 2005.

103 : John C. Murphy et Robert W. Henderson, Tales of Giant Snakes, Krieger Publishing, 1997, pp 92, 93.

104 : David A. Penning et al., Debunking the viper's strike: harmless snakes kill a common assumption, Biology Letters 2016. 


Commentaires: 8
  • #8

    Nicolas (vendredi, 19 février 2021 20:35)

    Dans le record pour le plus long jeûne, je me dois de retrouver mes notes, mais j'ai eue un boa constrictor adulte, qui a refusé de manger (changement de type de proie) durant 18 mois.

  • #7

    Damien Henault (mercredi, 17 février 2021)

    Oui pour certaines données, la différenciation entre les 2 est plus que compliqué voir impossible, je vais vérifier mes bouquins et je te ferai parvenir les données que j'ai dessus avec les refs ;)

  • #6

    Guillaume Tessereau - Naturamagnifica (mardi, 16 février 2021 23:06)

    Tu as raison, j'ai réorganisé les appellations. Pour l'anecdote avec le léopard, je ne peux par contre pas savoir de quelle espèce de molure il s'agissait précisément (donnée trop vieille).

    Pour le cobra royal de 5,71m, si tu as un livre en ta possession qui en parle, n'hésite pas à m'envoyer une photo de la page par mail : guillaume.tessereau@protonmail.com
    Je t'en serai reconnaissant !

    Guillaume.

  • #5

    Damien Henault (mardi, 16 février 2021 22:52)

    Guillaume
    C'est dommage de ne pas séparer les 2 noms vernaculaires (Python indien et Python birman) ça gagnerait en clarté et éviterait toute confusion ;)

    Pour l' hannah, je ne trouve pas de sources certifiées, il aurait été capturé en 1937 et confié au zoo de Londres (éléments trouvés dans certains livres et beaucoup d'articles à sensation)

  • #4

    Guillaume Tessereau - Naturamagnifica (lundi, 15 février 2021 16:53)

    Bonjour Damien merci pour ton message.

    Effectivement, les deux pythons molures sont séparés en deux espèces, j'ai rectifié ça. Je laisse cependant l'appellation vernaculaire car elle est valable pour les deux (python molure et python molure birman).

    Pour la donnée sur le cobra royal que tu mentionnes, si tu as une source quelque part je suis preneur. Quelle bête !

    Merci à toi.
    Guillaume.

  • #3

    Caron D. (lundi, 15 février 2021 15:24)

    Très bien cet article et bien commenté et illustré. �

  • #2

    Damien Henault (lundi, 15 février 2021 01:52)

    Guillaume merci pour cet article qui est bien plus instructif que tous les articles "records" que l ont trouve partout et bravo pour ton travail de regroupement d infos qui est titanesque !!!
    Juste 2 petites choses, le plus grand hannah n est pas celui élevé au zoo de Londres (5m71 et 1m80 au dessus du sol) ?? Et autre chose, tu veux pas différencier bivittatus et molurus dans ton article ? Car Python molure ça porte grave à confusion et les 2 espèces sont maintenant séparées depuis pas mal d années ;)

  • #1

    Maryvonne Biet (mercredi, 10 février 2021 21:50)

    Article très intéressant . Et surtout bravo pour tout le travail de recherche et le temps consacré. Félicitations